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Le Ministère de la Magie. Le Bureau des Aurors. Griffin arpenta les couloirs de ce lieu auquel il avait tant songé sans même y prêter attention. Suivant Lucy, il ne s’autorisa pas à trop obstruer son esprit de questions, pas tant qu’il parviendrait à avoir au moins quelques réponses à celles qu’il avait déjà. S’efforçant à ne pas céder à la panique il ne garda qu’un nom en tête, Ada, et le visage de celui qui l’avait emporté.

Il ne lu qu’à moitié l’inscription Ministre de la Défense avant que Lucy n’ouvre la porte avec force, révélant deux femmes d’un âge très différent. L’adolescent cru reconnaître la petite rousse assise comme étant une élève de Poudlard mais ce n’aurait pas été difficile de le deviner sachant que tous les jeunes sorciers d’Angleterre faisaient leurs études là-bas. Il ne lui accorda que la plus minime des attentions, bien trop inquiet pour penser à quelqu’un d’autre qu’Ada. On lui demanda de s’asseoir mais tout comme Lucy il n’était clairement pas d’humeur à prendre ses aises. Ce ne fut que lorsque l’auror fini par s’asseoir que Griffin se résigna à en faire de même.

Il les écouta converser en serrant la mâchoire. Tout cela ne l’intéressait pas et ne concernait en rien Ada. Mais il n’était pas du genre à interrompre une conversation dont il ne faisait pas partit, surtout pas entre un auror et le ministre de la Défense. Fermant les yeux, il s’efforça à contrôler sa frustration et son agacement et surtout à ne pas penser à où l’inconnu avait pu emmener Ada et pour quoi faire. La seule miette qu’il avait pour se rassurer étaient ces mots : “Vous l’avez très bien protégé. C’est à moi de prendre la relève maintenant.” Il espérait que dans ces mots il pouvait supposé que l’inconnu n’avait pas l’intention de s’en prendre à Ada. Une partie de lui craignait de se faire des illusions mais une autre le suppliait de trouver du réconfort peu importe où il pourrait en trouver.

Il releva la tête en entendant son prénom mais il dû se rendre compte rapidement qu’on ne parlait pas de lui. L’autre Griffin. L’adolescent avait a peine eu le temps de comprendre que celui-ci était en effet devenu auror comme il l’avait espéré pour son futur. Mais la vision de l’adulte qu’il était devenu n’avait rien de ce qu’il s’était imaginé. Il avait fait face à un homme si détruit, si instable et si effrayant qu’il ne parvenait pas à se reconnaître lui-même. Qu’est-ce qui sur la route avait tant déraillé pour qu’il devienne ainsi ? Même en cherchant le pire, Griffin ne parvenait à l’imaginer.
Mais il n’avait pas perdu trop de temps ou d’énergie à y réfléchir. Lui se connaissait et savait qu’il ne finirait pas ainsi. C’était si difficile de trouver des liens entre les deux versions de lui-même qu’il avait finit par décider qu’ils n’en avaient pas en dehors de leur nom et peut-être leur enfance. Cet homme, Griffin Whide, il n’en pensait pas plus que d’autres personnes qu’il avait pu croiser dans ce monde et si cela pouvait mettre une personne de plus à la recherche d’Ada il ne disait pas non.

Mais un nouveau nom arriva dans la conversation. Un que Griffin ne pensait pas avait sa place ici et pourtant, il dû se souvenir de choses qui le contredirait. A Poudlard, il avait vu Ada traîner autour du Serpent bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Ils se connaissaient, c’était sûr et quelque chose de plus se passait entre-eux qu’une simple camaraderie. Etaient-ils amis ? C’était difficile pour le Serpentard d’imaginer quelqu’un comme Evan Rosier faire copain copain avec quelqu’un comme Ada, et pourtant. Devaient-ils lui demander son aide à lui aussi ?
Mais au fil de la conversation l’adolescent se rendit compte qu’une fois de plus il ne s’agissait pas de l’élève de Poudlard qu’il connaissait mais de l’adulte. Evan Rosier adulte. Il n’eut pas le temps de se demander à quoi cette personne pouvait ressembler qu’il eu déjà sa réponse. Un mangemort. Griffin se mordit la lèvre d’un air sombre. Il n’était pas surprit mais quelque chose en lui avait osé espérer que ceux avec qui il avait partagé une éducation et un château ne prendrait jamais cette voix. Il ne comprenait tout simplement pas comment on pouvait en finir là. Pas question de demander de lui demander de l’aide alors ? Griffin se sentit hésiter. Tant qu’il pouvait aider Ada, était-il un si mauvais allié ?

Mais cela ne semblait pas être une option. D’un instant à l’autre, Lucy était soudainement passée de la détermination à la colère et la haine. Griffin dû se retourner vers elle pour le voir mais son changement de comportement était clair. Elle haïssait Evan Rosier et il était difficile de douter du sort qu’elle voulait lui réserver. Pourquoi ? De ce qu’il connaissait Griffin ne se souvenait pas spécialement avoir vu Lucy interagir avec Evan Rosier mais il se doutait bien que bien des choses avaient dû se passer entre les années qui séparaient la Lucy Gates qu’il connaissait et celle qu’il avait devant les yeux.
Horlov, Maugrey, autant de noms qui auraient dû attirer son attention mais l’adolescent continua d’observer l’auror qui leur avait servit de professeur ces derniers jours. Il l’avait observé et avait vu les changements clair de comportement entre elle et la si joyeuse et enthousiaste jeune fille qu’il connaissait, mais jamais il n’imaginerait voir Lucy Gates arborer des émotions aussi noires. Des émotions qui trahissaient un passé tout aussi noir, ce même passé qui avait transformé Griffin en quelqu’un d’autre. Prewett. Griffin le comprit malgré lui et il n’eut pas la force d’être surprit tant son corps s’était soudain alourdit d’un poids.
La Ministre et la jeune fille disparurent mais Griffin ne leur accorda pas un regard, son regard bleu fixé sur Lucy. Celle-ci cherchait déjà la prochaine étape de son parcours, sans se rendre compte de la détresse de celui qui l’accompagnait.

- Lucy… l’appela-t-il d’une voix fissurée d’émotion. Livide, il ouvrait la bouche pour la première fois depuis qu’ils étaient ici et bien qu’il s'efforçait de ne pas céder elle pouvait voir toute l’incompréhension, la tristesse et la panique qui brillait dans ses yeux. Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il enfin.
Il en connaissait déjà une grande ligne et il pouvait en déduire que le reste n’était pas plus réjouissant. Mais il en avait assez de recevoir les informations au compte-gouttes sans savoir quoi en faire. N’avoir que des aperçus plus sombres les un que les autres de cette vie qu’il n’avait pas vécu. Il avait besoin de savoir, pas pour lui mais pour savoir dans quel monde ils avaient atterrit. Un monde rongé par la guerre et hanté par les morts, imbibé de haine et poussé par les désirs de vengeance. Était-ce réellement là dedans qu’ils mettaient les pieds ? Ils n’auraient jamais dû quitter Poudlard.

Griffin ravala sa question d’une mine déconfite. Mais elle avait raison, ils n’avaient pas le temps pour ça. Se retenant de trembler, de pleurer ou de laisser le froid se répandre en lui, le jeune homme se força à se concentrer sur le tas de dossier qu’elle dépose devant lui. Sur Ada, et le vampire.
Cela ne l’aide pourtant pas à se calmer. Bien qu’il préférait penser que l’homme qu’il avait vu emmener Ada ne lui ferait pas de mal, feuilleter les dossiers de plusieurs vampires lui rappela à quel point ces créatures pouvaient être dangereuses. Et il ne fallait pas oublier qu’elles se nourrissaient de sang. Griffin s’était arrêté sur un dossier non pas parce qu’il reconnaissait le visage du kidnappeur mais le nom. Varney… Il n’eut pas le temps de se rappeler qu’il s’agissait du nom de leur professeur d’histoire de la magie que Lucy mit la main sur leur homme, ou plutôt, leur vampire.

Oswald Ruthven. Griffin se redressa brusquement pour vérifier. C’était bien lui. Mais à part son nom ils ne purent en apprendre beaucoup plus. Vampire originel. Qu’est que cela signifiait ? Qu’il était le premier vampire à avoir jamais existé ? Le Serdaigle se sentit paniquer un peu plus mais enfouit son angoisse au plus profond de lui-même pour ne pas distraire la réflexion de Lucy. Celle-ci parvint à retrouver le fil de ses pensés et sans attendre elle lui fit signe de le suivre. Il s'exécuta, sans tarder ou la questionner, en bon petit soldat. Il ne s’attendit pas à ce qu’elle profite de ce moment pour répondre à ses questions et lui raconter son passé.

Evan Rosier. Griffin ne le portait pas dans son coeur mais apprendre que celui-ci avait un jour mit fin à ceux de son meilleur ami le prit au dépourvu et le frappa d’une grande tristesse et d’incompréhension. Le Evan qu’il connaissait n’était qu’un adolescent. Un élève sérieux, brillant, arrogant et hautain et qui aimait jouer de mauvais tours tout en faisant passer son ami Saïd pour le grand méchant. Ce n’était pas quelqu’un qu’il appréciait, mais de là à le voir comme un tueur…

Mais celui qui avait tué Fabian, l’auror brillant, différait tout autant de l’adolescent que l’homme qu’ils avaient pu voir chez William Bethney différait de Griffin. La morsure d’un lycan, la mort d’un ami, la guerre… Le jeune serdaigle avait encore l’espoir innocent que cela ne l’affecterait pas au point de le transformer en une autre personne, et pourtant il l’avait vu de ses propres yeux. Un homme éreinté, un homme perturbé et instable. Maintenant il savait pourquoi.

- Ada… Murmura-t-il lorsque l’auror y fit référence.

C’était étrange de se dire que la seule chose qu’ils avaient en commun était cette jeune fille. Mais pas tant que ça finalement car c'était sûrement parce qu’elle connaissait l’adulte qu’elle avait approchée l’adolescent. Avait-elle été surprise de découvrir celui qu’il avait été avant tout cela ? Ou s’efforcait-elle de voir chez les deux le même homme plein de rêves, d’espoirs et de force ? Griffin se sentit bête à se rendre compte et se questionner de tout cela aussi tardivement et maintenant que Ada ne pouvait pas lui répondre. Au lieu de fuir la vision de son futur, aurait-il dû s’y intéresser un peu plus et mieux comprendre le Griffin qu’elle avait connu avant lui ?

- Et où est-il maintenant ? Ne put-il s’empêcher de souffler plus pour lui-même, la mâchoire serrée. Si Ada avait été si importante pour lui, où était-il pendant qu’elle se faisait enlevée ? Et que faisait-il pendant qu’eux la cherchait ? Malgré toutes ces explications, le Serdaigle ne parvenait tout de même pas à cautionner celui qu’il était devenu. Il avait été incapable de protéger son meilleur ami, de rester auprès de Lucy ou même de veiller sur la seule personne qui avait su lui redonner un peu d’espoir. Griffin imagina son homologue,vieux et aigris, se morfondre quelque part et cela ne fit que le renfrogner un peu plus.

Il n’avait pas trop fait attention au chemin qu’ils avaient prit et ne prêta qu’un bref coup d’oeil longs couloirs sombres, les gigantesques étagères et les boules de cristal autour d’eux. Il faisait confiance à Lucy pour retrouver son chemin dans ce lieu qu’elle connaissait déjà. Il put néanmoins se sentir mal à l’aise dans ce lieu étrange. Derrière les étagères il cru voir le noir s’agiter et pressa le pas pour ne pas s’éloigner de Lucy.

Mais ce fut juste devant eux qu'apparut un homme droit et bien vêtu. Il était parfaitement calme et accueillis les deux intrus d’un petit sourire poli. Son regard sombre passa du jeune homme, à l’auror.

- Vous n’êtes pas seule. Et une lueur dans ses yeux fixé sur Lucy Gates sous-entendait le “cette fois”.

Elijah Varney avait déjà eu le loisir de croiser la jeune femme rousse dans les couloirs du département des Mystères, tout particulièrement ici, dans la Salle du Futur. L’auror savait qu’elle n’avait rien à faire ici et c’était donc la nuit qu’elle privilégiait ses petites ballades au milieu des prophéties hautement secrètes et protégées, attirant plus encore l’attention acerbe du vampire. Il l’avait toléré en sachant que la jeune femme ne cherchait ici qu’un peu de calme et de tranquillité, mais ce n’était pas le cas cette fois-ci.

Il la réprimanda du regard sans pourtant paraître en colère et croisa les mains devant lui, désarmé, mais serein.
- Je doute que votre rôle d’auror requiert que vous trouviez ici Miss Gates. Et même si c’était le cas, dois-je vous rappeler qu’il existe des protocoles à respecter ? L’informa-t-il de son ton calme, détendu mais ferme et autoritaire.

Le vampire reste impassible devant la colère et l’impatience de l’auror, la fixant toujours sans ciller et habillé se son petit sourire courtois. Griffin n’a pas besoin que Lucy le retienne pour se rendre compte que celui qu’ils ont devant eux n’est pas n’importe qui. Depuis qu’il est arrivé ici le Serdaigle suit le plan de son aînée et il n’a pas l’intention de faire des fantaisies avec des gens qu’il ne connaît pas. Néanmoins le nom, Varney, capte une fois de plus son attention comme lors de sa lecture des dossiers concernant les vampires. Alors lui aussi était un vampire ? Griffin savait que c’était sa propre ignorance mais il ne pensait pas qu’il aurait à croiser autant de vampire dans son existence et encore moins dans les couloirs du Ministère de la Magie. Et ce nom…
- Varney… Comme le professeur Varney ? Klaus Varney ? Laissa échapper l’élève malgré son intention de rester discret et de ne pas de mêler de ce qu’il ne connaissait pas.

Sa remarque lui valu un bref coup d’oeil du vampire qui se reconcentra rapidement sur l’auror. Mais on pouvait sentir que cela l’avait légèrement distrait et avait infimement tiré quelques traits de son visage figé. Son masque de politesse ne parvint pas à masquer l’étrange lueur qui fila derrière ses iris sombres en entendant le récit de la rousse qu’il écouta néanmoins jusqu’au bout avec patience et respect. Il ne répondit pas tout de suite, laissant le silence recouvrir l’impatience de l’auror pour laisser place au calme et a la fermeté de ses propres paroles.

- Les règles, sont les seules choses qui nous séparent du chaos Miss Gates. Et le savoir est un pouvoir qu’ont ne met pas entre les mains de n’importe qui. Commenta-t-il d’un ton autoritaire et didactique. Pour avoir passé tant de temps ici, je pensais que vous seriez un peu mieux renseignée Miss Gates. Vous vous trouvez dans la salle du futur. Les prophéties qui nous entourent sont protégées de telle sorte que seul le gardien de la prophétie ou les sujets de la prophétie puissent s’en saisir. Si vous essayez d’en prendre une, vous deviendrez fous. Expliqua-t-il d’un ton très factuel.

- J’ai de la compassion pour votre cause, mais il n’y a rien ici qui puisse vous aider j’en ai bien peur. Conclu le vampire d’un ton modérément désolé, toujours sans quitter son sourire courtois.

- Et dans la salle du Savoir ? Laissa échapper Griffin une nouvelle fois. Avant de pouvoir reprendre ses mots, il vit le regard du vampire se porter à nouveau sur lui et cette fois plus longuement. V-vous… Vous avez dit que nous sommes dans la salle du Futur. Mais il y a… Euh… Six salles dans le département des Mystères, n’est-ce pas ? Et vous avez dit… le savoir… Suggéra l’adolescent en tentant désespérément de se rappeler le contenu d’un cours sur le Ministère de la Magie qu’il avait eu en cinquième année.

Le sourire d’Elijah se pinça très légèrement et malgré son expression très sobre il ne manqua pas de paraître très légèrement contrarié. Pourtant c’est avec un sourire qu’il se retourna vers Lucy.
- Un bon élève celui là. Constata-t-il d’un ton amusé.
Mais soudainement, il s’approcha à une telle vitesse qu’il sembla d’être téléporté juste devant eux.

- Je ne pense pas qu’il est dans votre intérêt de gaspiller plus de temps ici. Vous n’avez aucun droit de vous trouver ici ou ailleurs dans le département des Mystères. Pas sans autorisation. Et sans cela vous n’aurez accès aux informations concernant Oswald Ruthven dont dispose le département. Expliqua-t-il mais d’un ton bien plus insistant, ferme et pressant. Son sourire courtois avait disparu pour laisser place a un très discret froncement de sourcil mais qui sur le visage peu expressif du vampire exprimait une forte impatience.

- Mais on doit la sauver ! S’énerva soudain Griffin. Elle a été enlevée par un vampire ! Qu’est-ce que vous croyez qu’il va faire d’elle ?! Et vous… Vous travailler pour le Ministère de la Magie ! Comment pouvez-vous ne pas vous en soucier ! Elle-

- Silence ! souffla soudain Elijah si fort cependant que sa voix raisonna dans les immenses couloirs de la salle. Le regard dont il fusilla l’adolescent n’avait plus rien de courtois et brillait de colère et d’agacement et figea le Serdaigle sur place. Miss Gates. ajouta-t-il ensuite a son attention  d’un ton plus calme mais qui n’incitait pas moins a lui obéir.