Stay with me
-35%
Le deal à ne pas rater :
Pack Smartphone Samsung Galaxy A25 6,5″ 5G + Casque Bluetooth JBL
241 € 371 €
Voir le deal

Aller en bas

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Re s'arrêta devant la porte du la petite chambre sombre malgré le pas presque précipité qui l’avait mené jusqu’ici depuis le lieu de vie de Kafele. Il avait toujours ressentit cette douce appréhension avant de pénétrer dans cette pièce. Peut-être était-ce que depuis toujours il avait craint la pénombre, ou peut-être était-ce ce qu’elle abritait et renfermait ?
Même depuis les années ou sa propre part de noirceur avait chamboulé sa vision des choses, ses craintes, ses peurs, ses combats, depuis qu’il avait apprit a redouter la malédiction bien plus que la nuit et son ciel étoilé, depuis qu’il était un chef et non un enfant, il se sentait encore comme un gamin qui ne devrait pas se trouver la.
Il était pourtant venu voir Telg après la mort de son père et la fin de la guerre. Lui apprenant de vive voix les choses qu’il avait probablement du voir et sentir avec son propre esprit volatile. Mais la fin de Malick et la fin des conflits marquait aussi pour l’Ubaid la fin de ses services d’espion et de manipulateur. Re ne lui avait pas interdit de s’évader de son propre corps car il savait a quel point cela était vital pour Telg, mais il ne lui donna pas de nouvel ordre en tant que nouveau chef des Enfants de Ra. Pas au premier abord.

Malgré sa santé déplorable, ses crises, sa faiblesse, le chef s’était efforcé de rendre visite a l’albinos les quelques jours ou il parvenait a retrouver la lumière. Pour la partager un peu avec lui de par sa présence, ses mots faute de pouvoir l’autoriser dans son esprit en ruine et rongé par le mal. Un soir, alors qu’il ne l’avait pas fait depuis qu’il était un jeune enfant dans ses premières années de tourment, il appela l’Ubaid a l’aide. Non pas pour qu’il l’emporte au loin, loin du Temple et des Enfants de Ra mais au contraire pour qu’il lui prête sa force pour veiller sur eux. Qu’il étende sa conscience et son attention sur eux comme la lumière de Ra et s’assure qu’il ne leur arrivait rien lorsque leur chef se retrouvait paralysé par ses démons. Le maître ordonna et l’esclave obéi, lui apportant un peu de soulagement.

Aujourd’hui, Re se sentait mieux que jamais depuis que la malédiction l’avait frappé et il avait voulu le partager avec celui qu’il pensait responsable de cette amélioration. Mais celui-ci l’avait guidé vers un but bien plus ambitieux encore que de simplement aller mieux, un combat bien différent que le seul maintient de la paix. Cette nuit Re ne venait pas ici pour demander a Telg des nouvelles des siens partit si loin de leurs terres.
Il savait que s’il voulait un jour pouvoir espérer dompter ses démons, il devait déjà parvenir a dompter ses peurs. Des peurs qu’il aurait préféré enfouir au fond de lui tout comme la malédiction mais pour suivre cette nouvelle voie, il devait cesser de les cacher et les accepter. Et parmi tout ceux qui l’entouraient et l’épaulait, il n’y avait pourtant qu’une seule personne a qui il n’était jamais parvenu ou n’avait voulu cacher quoi que ce soit. Il se trouvait dans cette pièce.

Re inspira doucement et ouvrit la porte de la chambre, découvrant le corps immuable de Telg allongé sur son lit. Il ne savait pas ou son esprit était partit flâner et généralement son entrée suffisait a le rappeler a lui. Mais Re ne chercha pas a se faire plus remarquer que cela, tripotant nerveusement ses doigts il paru même hésiter a repartir ou se cacher mais il se força a arriver prêt de Telg et a poser son regard sur son visage blanc.

Telg ? appela-t-il timidement dans son esprit comme il avait pu le faire quand il était enfant et encore pure.

Mais il savait qu’il avait formellement interdit a l’Ubaid de s’aventurer dans son esprit et que celui-ci ne se l’autoriserait pas même s’il l’appelait ce soir. Il l’avait fait pour l'empêcher de lutter contre ses propres désirs de servitude et de risquer de répondre a ses appels désespérés quand la souffrance lui faisait perdre l’esprit. Mais ce soir Re n’avait pas amené Asim ou quiconque d’autre pour que l’albinos puisse communiquer avec lui. Il ne pouvait y avoir comme réponse que le silence et Re le savait bien en sachant qu’il n’était pas encore prêt ou assez confiant pour autoriser Telg a s’aventurer en lui. Il se sentait mieux pourtant, plus fort et assez pour se montrer plus téméraire. Re ferma les yeux et vint poser délicatement ses mains sur le visage de Telg.

Telg. appela-t-il a nouveau calmement et cette fois il se trouvait dans un lieu plus lumineuse que celle ou ils se trouvaient tous les deux.

Baignée d’une douce lumière dorée, elle était similaire a la petite pièce que l’albinos avait su construire il y avait des années de cela dans la tête de son maître mais l’espace était infini, immatériel et en son centre, dans l’esprit de Telg, se tenait Re, tout comme il se tenait dans sa petite chambre sombre. Peut-être un peu moins pale, peut-être un peu plus fort, peut-être un peu plus nostalgique de celui qu’il avait été face a Telg.
Lorsqu’il posa enfin ses yeux sur la figure spirituelle de son esclave, Re ne put s'empêcher de sentir son coeur se serrer d’une joie si puissante qu’elle fit jaillir quelques larmes au coin de ses yeux verts. Il ne se précipita pas vers lui pour lui sauter dans les bras mais il put sentir dans la crispation de ses muscles qu’il en avait terriblement envie. Il se mordit la lèvre pourtant pour contrôler ses émotions et rester concentré sur ce songe matérialisé qu’il ne maîtrisait pas aussi bien que son esclave.

Ça fait un bail. commenta-t-il doucement la voix tremblante d’émotion.

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
La fin de la guerre, et avec elle, la mort de Malick, avait fait commencer une longue vie de solitude. Telg aimait pourtant à penser qu’il n’était jamais seul tant il pouvait sentir et écouter le chant de ceux et de celles qui vivaient non loin de lui ou même à des milliers de kilomètre de lui mais il ne pouvait rester éternellement en dehors de son propre corps et de son propre esprit et lorsqu’il retrouvait sa cellule de chair, cette solitude le frappait plus violemment chaque jour. Le temps n’avait plus de réelle importance pour celui qui ne pouvait pas voir le jour se lever et se coucher. Il aurait pu profiter de la nuit, comme il le faisait enfant, pour se promener dans le temple silencieux mais s’il était capable de se déplacer à l’aide de sa magie, il en avait perdu le gout il y a des années.
Entendre sa voix lui fit ouvrir les yeux, quittant les terres enneigées qu’il aimait tant à observer parfois, il avait senti sa présence mais avait attendu le dernier moment pour rejoindre cette réalité. C’est dans son champ de vision périphérique qu’il pouvait voir le visage de son maître.

Mais bien qu’il l’avait appelé et bien qu’il souhaitait le rejoindre, il ne pénétra pas son esprit. Le maître ordonnait et l’Ubaid obéissait. La seule réponse qu’il eut fut le battement de ses paupières et son silence. Lorsqu’il senti le contact chaud de ses mains sur son visage, il ferma à son tour ses paupières et pour la première fois de sa vie, ce fut le maître qui l’emmena. Et il se laissa emporter.
La lumière dorée l’apaisa comme pouvait le faire l’étendue infinie de la neige, son regard posé sur l’image de Rê. A une autre époque, Telg aurait probablement écarté légèrement les bras en sachant que son maître s’y engouffrerait dans une étreinte fraternelle mais aujourd’hui l’ubaid était un adulte qui avait depuis très longtemps cessé de croire qu’il pouvait être le frère de quelqu’un, qui avait même cessé d’en être jaloux parfois.

Il se tenait juste devant lui, droit, le visage froid et fermé et bien qu’ici il pouvait se mouvoir en toute liberté et aller jusqu’à regarder ses propres mains devant ses propres yeux, il n’en fit rien et resta aussi inerte qu’il ne l’était dans la réalité. La seule façon qu’il avait eu de survivre à tout ça était de s’oublier lui-même à tout jamais. Plus d’espoir, plus d’émotion, plus de désir, plus de douleur, tout cela n’était rien d’autre qu’une très légère brise à peine palpable dans son cœur comme l’était les émotions qu’il pouvait ressentir des hommes et des femmes qu’il visitait parfois.
C’était abstrait.

Tout comme le temps.

Alors lorsque Rê remarqua que cela faisait un long moment qu’ils ne s’étaient pas retrouver ainsi, il ne réagit pas, pas parce qu’il n’en avait rien à faire mais parce qu’il était incapable de vraiment se rendre compte à présent des années qui avaient passé même s’il avait sous les yeux la preuve que des années s’étaient bel et bien écouler. Hier, aujourd’hui ou demain, tout cela se confondait dans sa tête. Parce que s’il s’était rendu compte du temps, il y aurait longtemps que la folie l’aurait rongé. Il s’était protégé de tout cela, pour pouvoir servir, comme devait être sa destinée.

« Maître… » Sa voix avait changé avec le temps, profonde et sans hésitation. Semblable à une note de musique parfaite. Comme une corde que l’on pince et qu’on écoute vibrer jusqu’à ce qu’elle se taise. Mais comme pouvait l’être une note seule, cette musique était dénué d’émotion.
Il aurait voulu se sentir véritablement heureux de voir son maître en meilleur santé, mais ce ne fut qu’une brise de plus en lui, tout comme il aurait dut se sentir si colérique de comprendre que celui qui avait été capable d’aider Rê n’était autre que celui qui l’avait condamner à vivre dans une prison de chair mais même cette colère n’était rien d’autre qu’un grain de sable dans le désert.

« Que puis-je faire pour vous ? »

Demanda-t-il simplement, sans fausse note, sans tremblement, sans petite vibration un peu personnelle, juste une question.

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Telg ne l’invita pas non plus dans ses bras comme il avait pu le faire les autres fois. C’était mieux ainsi. La distance qui les séparait aujourd’hui était faite d’espace, de temps, de craintes et de précautions et Re l’acceptait et la demandait mais cela ne l'empêcha pas de sentir un certaine tristesse alourdir son cœur.
Revoir Telg, entendre sa voix, même s’il avait changé, lui rappelait indéniablement le temps ou ils n’étaient que des enfants et ou rien ne l'empêchait de se jeter vers lui cars il n’y avait entre eux rien d’autre que la lumière.
Mais il n’était plus l’enfant qu’il avait été. Son cœur abritait le mal et ses épaules portaient la responsabilité de veiller sur tous. Il savait qu’il n’était plus le même et c’était pour cela qu’il comprenait et acceptait qu’il en soit de même pour Telg.
Il observa et découvrit humblement l’homme et l’esprit qu’était devenu l’esclave grandissant loin de la lumière du soleil et de la sécurité d’un corps. Immobile, impassible, il semblait même s'être détaché de l’utilité de cette enveloppe dans sa propre tête. C’était comme si Re se trouvait devant une image, une simple voix, une ombre.

Re cligna des yeux pour chasser les dernières larmes de ses yeux verts. Il sentait l’émotion compresser sa poitrine mais il savait qu’il était bien trop heureux et soulagé de pouvoir poser ses yeux sur Telg et entendre sa voix pour s’attrister d’autre chose. Il s’étouffa doucement de joie en riant faiblement en l’entendant demander ce qu’il pouvait faire pour son maître.
Re lui même avait quelque peu oublié pourquoi il était venu maintenant qu’il se trouvait devant l’esclave. Finalement rien que de pouvoir se trouver devant lui a nouveau lui aurait suffit, mais il savait qu’il n’avait pas a s’en contenter. Il savait qu’il pouvait lui demander n’importe quoi. Le maître ordonnait et l’Ubaid obéissait. Mais ce soir c’était Re qui venait lui rendre visite et non le chef du Temple de Ra et Re n’avait jamais réellement su lui ordonner quoi que ce soit. Il s’assit doucement sur le sol inexistant avec un petit sourire pour Telg.

Reste ? Reste avec moi pour la nuit ? demanda-t-il timidement même s’il savait que l’albinos ne saurait le lui refuser et que c’était lui qui se trouvait de toute manière dans son esprit cette fois.

Il continua de le regarder de ses grands yeux verts, se sentant osciller entre la nostalgie et l’envie de profiter de cet instant pour reconstruire quelque chose avec Telg plutôt que de se bercer de souvenirs. Ils ne pourraient plus avoir ce qu’ils avaient eu dans leurs jeunes jours et même s’il auraient pu, cela ne leur conviendrait pas aujourd’hui. Pourtant rien ne leur obligeait a ne rien avoir du tout. Re se recroquevilla doucement en repliant ses jambes pour poser sa tête dessus, les enveloppant de ses bras fins faute de pouvoir profiter de ceux de Telg.

Le ciel brille tellement cette nuit que j’ai l’impression que Ra ne nous a même pas quitté. confia-t-il d’une petite voix songeuse comme si une pensée échappait simplement de ses lèvres.
La lumière qui émanait de cette soirée était comme celle qui baignait leurs deux esprits liés, douce et chaleureuse comme une claire matinée un peu feignante. Même les murs de la petite pièce sombre dans laquelle reposait Telg n’était pas capable de la chasser de l’esprit de Re. Alors que c’était les nuits ou il se sentait le plus faible et le plus apeuré qu’il avait apprit a venir chercher son esclave, il revenait aujourd’hui sans réelle crainte a fuir, sans tourment a oublier, sans vraiment de raison.

Dis Telg… Si tu le pouvais… Ou m’emmènerais-tu ce soir ? demanda-t-il alors doucement avec une pointe de nostalgie.

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
Il acquiesça simplement à sa demande, bien qu’il ait été définitivement interdit de rejoindre l’esprit de Rê depuis des années, Telg avait toujours été là et ce soir ne faisait aucune différence. L’ubaid était présent depuis toujours, que ça soit physiquement lorsqu’il était encore un enfant capable de contrôler son corps ou cette ombre qu’il était aujourd’hui. Il était toujours là, il est toujours là et serait toujours là. Peu importait la manière, le comment ou le pourquoi. Et ce soir encore, il serait là. Il s’installa à son tour, face à celui-ci, l’observant, et bien qu’il ne s’agissait qu’une fibration presque impalpable, il pouvait l’entendre cette petite note qui lui faisait comprendre que la présence de son maître lui avait manqué ou alors était-ce le fait qu’il lui demanderait quelque chose et qu’il pourrait à nouveau se sentir utile ? Etre autre chose qu’une simple boussole…

Ecoutant d’une oreille attentive les mots sortir de la bouche de Rê, il eut envie de lui rappeler que Ra ne le quittait jamais mais il garda sous silence cette pensée, attendant patiemment qu’il lui fasse savoir les raisons de sa visite. Il profita pourtant de l’image que lui offrait son maître, il n’était pas Malick et ne le serait jamais mais aujourd’hui, il le trouvait différent. Il avait évolué.
Quelque chose pourtant se fissura en lui lorsqu’il entendit cette question et qu’il senti un souvenir au fond de sa mémoire poindre. Il passait tant de temps à fouiller la tête des autres qu’il lui arrivait régulièrement d’oublier ses propres moments, de s’oublier, et Rê venait d’ouvrir une petite porte qui venait souffler à son oreille que lui aussi était une personne, qu’il avait aussi des souvenirs, un vécu. Son visage pourtant resta impassible, alors qu’il corrigeait intérieurement la mélodie de son âme avant de poser ses yeux sur son maître.

« Nulle part »

Laissa-t-il simplement échapper de sa voix monocorde, il ferma lentement les yeux, profitant de la noirceur derrière ses paupières pour trouver les mots et lorsqu’il rouvrit, ses pupilles rouges se fixèrent sur son maître.

« Le ciel brille tellement cette nuit… » Répétait-il humblement, pourquoi vouloir l’emmener si ce soir cette nuit n’avait rien d’effrayant et qu’au contraire, elle semblait presque faire du bien à Rê.

« Je ne peux pas vous emmenez loin de cette nuit si Ra est ici »

Ajouta-t-il, faisant référence à ces nuits où il l’emmenait à la poursuite de l’astre.

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Nulle part. La réponse de l’Ubaid était une qu’il n’avait jamais donné auparavant et pourtant cela ne le surprit pas Re. Le jeune homme eu un petit sourire dépité mais amusé néanmoins. Cette soirée n’était décidément pas comme les autres. Il ne voulait pas la craindre ou la regretter mais il ne savait pas non plus s’il pouvait s’en réjouir. Comme toujours, le monde et ses nuits le laissait démuni et ballotté par le temps jusqu'à ce que revienne le Soleil et sa lumière.

Ra veille sur ses Fils peu importe ou il se trouve. expliqua-t-il docilement en sachant que c’était un peu hypocrite de sa part de le faire car il avait toujours été le seul a craindre l’abandon de son Dieu a l’arrivée de la nuit.
Sa lumière brille en chacun de nous. Ce qui était est et sera. Elle l’a toujours été et le sera toujours. ajouta-t-il de sa petite voix en se recroquevillant un peu plus. Il n’était jamais certain quand ses paroles étaient teintée de foi si celles-ci étaient pour rassurer les autres ou se rassurer lui-même. C’était comme si les mots ne lui appartenait pas et émanaient de la lumière pour se matérialiser dans sa bouche.
La lumière… murmura doucement Re mais sa voix restait faible et incertaine car pour une fois il ne la contemplait pas. Son regard se perdait dans le vide sans savoir ou se poser et Re se recroquevilla un peu plus.

Je me sens bien… Je me sens plus fort. confia-t-il mais rien dans son ton ou son expression ne savait réellement le prouver car dans sa voix ne transparaissait aucune joie ou énergie. Alors pourquoi ai-je si peur ? avoua-t-il enfin en relevant un regard désolé vers Telg, le visage animé du fantôme d’un sourire incrédule.

Il se sentait mieux que jamais depuis qu’il était maudit et pourtant il se sentait trembler. Ce n’était pas la faiblesse de son corps qui le faisait se recroqueviller en lui arrachant de nouvelles larmes ce soir mais celle de son esprit. Il se sentait léger et libre, mais il avait l’impression de se rendre compte maintenant qu’il pouvait marcher qu’il ne savait pas du tout vers ou aller. Même la lumière a l’horizon l’intimidait et le faisait douter. Devait-il l’attendre sagement, la poursuivre, la conquérir ? Elle brillait plus fortement que jamais, l’irradiait, l’appelait, lui assurait qu’un jour il brillerait aussi fort. Le monde et la vie lui tendait peut-être enfin les bras et pourtant il se trouvait ici dans ce petit coin d’esprit et d’ombre habité par la même envie qui l’avait toujours habité en appelant Telg. S’évader.
Re savait pourquoi il avait si peur, ou plutôt de quoi il avait peur. Pour la première fois de sa vie, ce n’était pas la nuit, ce n’était pas l’ombre, la noirceur ou la malédiction mais Ra lui-même, sa lumière, sa puissance, son regard et le poids de son Temple sur ses épaules. Aussi révoltant  que cela puisse paraître, la malédiction l’avait protéger de se rendre compte qu’un jour il serait obligé d’assumer le rôle qui lui incombait.
Telg le savait, il n’était pas Malick et ne le serait jamais. Incapable de décevoir, incapable de commander, incapable de frapper, de haïr, de défendre et de protéger. Il n’était pas un chef. Il n’était que Re.

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
Sa lumière brille en chacun de nous, il aurait aimé avoir le courage de rectifier cette phrase et lui rappeler qu’il n’était pas à inclure dans ce nous. Telg n’était qu’une ombre, malgré sa peau laiteuse, ses cheveux doré et ses yeux clairs, il n’était pas la lumière, ne possédait aucune lumière en lui, il était l’ombre, cette chose sombre qui ne prenait forme que grâce à la lumière, qui était éternelle lier à celle-ci et ne se mouvait que si le propriétaire se mouvait. Parce qu’une ombre était à jamais attacher à sa source. Non, lui ne possédait aucune lumière mais ce n’était pas grave.

« Ce qui était, est et sera » Répétait-il simplement à sa suite, il fut rassuré de l’entendre lui dire qu’il se sentait bien et plus fort et l’entendre lui dire qu’il avait peur le ramena, sans qu’il ne sache réellement pourquoi, à cette première visite après son…Incident…
De cette affirmation qu’il avait eu une minute et qu’il avait perdu la minute suivante. Avait-il encore peur aujourd’hui ? Il l’ignorait, à l’époque il n’était qu’une enfant, avec ses sentiments, avec ses émotions et aujourd’hui, qu’était-il ? Mais ce soir il n’était pas question de lui, il n’était jamais question de lui, alors il chassa ses questionnements et réfléchissait déjà aux mots qu’il emploierait pour soutenir au mieux son petit maître.

« Il n’y a pas d’ombre sans lumière » rappela-t-il en le regardant, cherchant à capter son regard. Il savait que cette phrase les ramènerait tous deux à différents souvenirs agréable et désagréable mais c’était l’unique vérité que Telg connaissait et à laquelle il s’accrochait. « Il n’y a pas de courage sans peur… » Expliqua-t-il ensuite, tentant de faire comprendre qu’il ne pourrait jamais se dépasser lui-même s’il n’avait pas peur. Evoluer supposait systématiquement qu’il y ait des choses à améliorer dans sa personne et la peur en faisait indéniablement partie.

« Vous n’êtes pas Malick…Vous êtes Rê… » Et c’était tout ce que Telg souhaitait, tout ce que n’importe qui souhaitait dans le temple. Une expression d’incertitude se plaça une demi-seconde sur le visage de l’ubaid avant qu’il ne reprenne pas la parole « Vous ferez des erreurs comme vos frères avant vous, comme votre père avant vous mais vous devez faire vos propres erreurs » Une part de lui-même n’appréciait pas de s’entendre dire ceci, comme s’il venait de profaner la mémoire de son maître et chef ainsi que de ses fils. Il avait admiré Malick, comme bon nombre des enfants de Ra mais il l’avait craint aussi, ce que Rê inspirait était différent certes, mais de puissance égal.

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Re renifla doucement en l’entendant lui répondre et lui rappeler cette phrase qui lui avait donné un jour la force de se battre et de s’accrocher a ce monde, de s’accrocher a la vie, a la lumière, et l’ombre, a Telg. Ce souvenir lui paraissait si lointain aujourd’hui et même s’il était douloureux il pouvait sentir qu’il le chérissait. Même s’il se sentait plus fort aujourd’hui, les raisons qui l’avait poussé a vouloir partir et celles qui l’avaient convaincu de rester étaient les mêmes. Ce n’était plus simplement ce choix qui s’offrait a lui maintenant cependant. Rester, il l’avait décidé il y a bien des années et avait continuer de lutter chaque jour et chaque nuit dans ce but. Mais rester pour quoi faire ? Pour qui ? Continuer d’avancer, mais vers ou ?
Il n’en savait rien et la preuve en était la. Au lieu de suivre la lumière qu’il pouvait sentir l’envelopper de toute part, il était venu ici, trouver un peu de quiétude dans l’ombre. Il avait appelé Telg comme s’il espérait pouvoir lui abandonner son esprit et le laisser l’emporter ou bon lui semblait. Le laisser le rassurer, le laisser le distraire, le laisser diriger. Re baissa les yeux en sentant la honte le caresser doucement. Il n’avait jamais été quelqu’un de très ambitieux, très ferme, sans peur. Il n’avait jamais été fait pour être chef et dehors, dans les couloirs du Temple il s'efforçait de l’oublier mais ici, dans cette petite pièce sombre qui l’avait toujours un peu effrayé et devant Telg qui le connaissait depuis toujours, il ne pouvait simplement pas se cacher ou prétendre être quelqu’un d’autre que lui-même.

L’Ubaid ne le jugea pas, même en acquiesçant la pensée de son maître qu’il n’avait jamais été, n’était pas et ne serait jamais comme son père. Ce qui pour Re était une crainte, une angoisse, une honte, un défaut, dans la bouche de Telg ce fait était simplement un fait et peut-être même une réponse. Après une imperceptible hésitation, il tenta de guider un peu plus son maître a travers la nuit et l’incertitude. Re releva les yeux vers lui avec un petit sourire reconnaissant mais dépité malgré tout.

Mes erreurs… murmura-t-il doucement en osant qu’a moitié y penser. J’en ai tant fait pendant la guerre. Et j’ai employé tant d’énergie et de prière pour ne plus en faire… souffla-t-il doucement sans savoir s’il devait s’en sentir fier ou honteux.

Aujourd’hui nous avons la paix. Enfin. Chacun s’efforce de se chasser les démons que leur a laissé la guerre. Retrouver la lumière. Et je ne…

L’esprit du chef avait retrouvé de lui-même l’idée qu’avait su lui présenter Kafele quelques minutes plus tôt. Alors qu’il était sortit de son appartement avec une nouvelle inspiration, une certaine certitude, aveuglé par la lumière, il se rendait compte ici dans cette part d’ombre que les choses n’étaient peut-être pas aussi simples et évidentes.

Je ne sais pas si… si je peux leur imposer une nouvelle guerre. Ma propre guerre. Ils ont tous déjà tant souffert. Mes erreurs…  Je ne peux pas… C’est… Trop cruel.

Re se mordit la lèvre en s’en rendant compte en même temps que les mots quittaient sa bouche. L’idée de pouvoir un jour dominer et s’approprier les démons de sa malédiction sonnait comme un délicieux rêve a ses oreilles. Mais il n’était plus un petit garçon qui avait tout le loisir de courir derrière le Soleil. Et malgré ses doutes et ses craintes, il était bien le chef du Temple de Ra. Son rôle était de veiller sur les siens mais aussi de les protéger, de leur apporter paix et lumière, pas plus de douleur, de souffrance et de cauchemars.
Le jeune homme tripota nerveusement ses doigts pour tenter de chasser un peu ses pensées et reprendre le contrôle sur son discours, auquel il mit fin. Il soupira doucement en sentant la fatigue et l’effort l’envelopper d’une légère fièvre, mais il n’avait pas envie de partir tout de suite.

Tu m’as manqué. confia-t-il alors d’une petite voix sans vraiment oser regarder Telg dans les yeux car il savait que c’était sa faute s’ils n’avaient pu et ne pouvait plus se retrouver comme ils l’avaient fait autre fois.

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
Les yeux de Telg se fixèrent sur ses doigts qui se jouaient des uns et des autres, c’était ainsi que son maître chassait la nervosité et lui, c’était ainsi qu’il vivait, en observant les autres, leur mimique et leur vie. Il posa pourtant une main sur ces mains qui se jouaient de l’une et l’autre pour stopper la nervosité de son maître, posant ses pupilles rouge sur l’homme.

« La paix est un leurre… » Murmura-t-il sans tourner autour du pot. Ce n’était ni agressif, ni triste, une constatation, comme on pouvait le faire sur la couleur du ciel. La paix était un leurre aux yeux de l’ubaid qui en voyageant en avait vu et vécu d’autres. « Cela ne veut pas dire que l’on ne doit pas préserver celle que nous avons aujourd’hui mais si vous vous accrochez beaucoup trop à cette lumière-ci, vous ne supporterez pas l’ombre qu’elle créera »

Il inspira légèrement, dégageant doucement ses mains et rompant le contact de celles-ci pour ne garder que celui de ses yeux.

« Ce qui était, est et sera…Les bons comme les moments terribles. » Il ne savait pourquoi il se permettait aussi facilement de parler et même de conseiller son maître lui qui devait être celui qui écoute et obéis. Il savait que cela n’était pas vraiment sa place mais n’était-ce pas celle que, au fond, Rê lui avait donnée ?

« Vous pouvez m’imposer ce que vous souhaitez, j’étais, suis et serai toujours là mais vos frères et vos sœurs, votre peuple…Ils ont le choix en effet, le choix de ne pas vouloir vivre votre combat mais ils ont aussi le choix de se battre pour vous, à vos côtés. Vous ne pouvez pas leur imposer votre guerre mais vous ne pouvez pas non plus leur imposer ce leurre… »

Le silence reprit ces droits et il eut la sensation d’être étrangement fatigué d’avoir tant parlé. Alors il détourna les yeux, intérieurement gêné d’en avoir beaucoup trop fait et trop dit, son regard se posant une nouvelle fois sur les mains de Rê. Il sembla esquisser l’ombre d’un sourire.

« Vous aussi, vous m’avez manquer… »

Avoua-t-il.

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Le jeune chef se crispa légèrement en sentant la main de l’Ubaid se poser sur les siennes mais comme toujours il n’osa pas se retirer et se força a garder son calme. Il ne savait pas si c’était le fait qu’ils se trouvaient dans l’esprit de Telg ou si c’était qu’afin de pouvoir entrer ici plus facilement il avait déjà posé ses propres mains sur le visage physique de l’albinos mais il se rendit compte rapidement que ce contact n’était pas aussi gênant que d’autres pouvaient l'être.
Il l’écouta, soutint son regard rouge et calme et plus que par ses mots il se laissa bercer par sa voix et sa façon de parler. Si calme, ferme et pourtant doux et paisible, solide comme les murs du Temple de Ra qui les entourait. Re se demanda si quelque part cela ne lui rappelait pas son père. Cette sensation d’immuabilité quand on se trouvait devant lui, comme s’il était absolu et éternel. Et pourtant…

Telg fini par retirer sa main mais ne détourna pas le regard ou ses conseils. Ne pas s’accrocher a la paix en se persuadant qu’elle éloignera toute idée de guerre. Ne pas se laisser aveuglé par la lumière et oublier l’ombre. Ne pas imposer, mais partager, se confier et parler. Re n’avait peut-être pas a prendre cette décision seul, car il n’était pas seul. Lorsqu’il entendit lui répondre qu’il lui avait aussi manqué, Re fini par prendre Telg dans ses bras et enfouir sa tête contre son torse. Il resta la une seconde sans bouger ou parler, ravalant ses émotions qui menaçaient de le faire pleurer, mais comme toujours il ne parvint pas vraiment a retenir ses mots.
Mes frères sont morts. songea-t-il tristement et il ne parlait pas des autres enfants de Ra mais de Akhet et Hélios. Je sais que Ra ne me permet pas de les revoir et de leur parler, mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu’ils auraient fait s’ils avaient été la a ma place. Est-ce que le Temple aurait paru plus lumineux ? murmura-t-il doucement comme si ses pensées se matérialisaient directement dans sa bouche sans qu’il ne parvienne a les retenir ou les organiser. Il serra un peu plus Telg dans ses bras.

Tu l’as dit… Il n’y a pas d’ombre sans lumière. Et jadis j’étais… si… La vie était tellement plus simple. J’étais la lumière, tu étais mon ombre. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui je projete ma propre ombre. Parfois elle est si grande que je me demande ou peut bien être la lumière qui la crée. Je m’oublies et je me perds... Et ça me terrorise...
Après tout ce temps… J’ai encore peur du noir.
avoua-t-il avec un petit sourire dépité.

Il souffla doucement en fermant les yeux, se berçant de ce songe ou il n’avait pas besoin de s’évader derrière l’horizon pour se sentir un peu rassuré, ou il pouvait s’accrocher a Telg comme a un pilier du Temple pour ne pas se laisser emporté dans la folie et l’inconnu. Il le lui promettait et Re le croyait, il était, est et serait toujours la et c’était finalement une des rares choses desquelles il pouvait être sur.
Et toi, Telg… Après tout ce temps… As-tu encore peur ?

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
Sentir son étreinte éveilla quelque chose de longtemps éteint chez lui, et il lui fallut plusieurs minutes avant qu’il n’entoure à son tour le corps de Rê de ses bras pour l’accompagner dans ce geste de tendresse inattendu. Il l’écoutait, et à chaque fois qu’il lui posait une question, comme toujours, il lui répondait.

« Sa lumière serait différente…Pas plus forte ou plus faible…Juste différente. »

Il n’avait jamais eu de véritable affection pour les frères de Rê, il ne les détestait pas non plus. Il n’y avait pas vraiment de place pour la haine dans sa vie mais il savait qu’à l’inverse, les ainés son maître n’avait jamais cessé de le haïr. Helios a juste titre, il s’était servi de lui, un acte qui avait réveillé la conscience de Malick, du moins, c’est la seule explication qu’il avait trouvé pour que celui qui réclamait une armée une seconde avant lui demande à la suivante de construire autant de muraille entre lui et les autres. Et il avait accepté de renforcer cette prison qu’était la sienne. Il laissa son maître se défouler de ses mots et se décharger de ses émotions. Ne songeant à rien d’autre qu’à être simplement présent.

Jusqu’à ce qu’il y ait cette question qui le transporta ailleurs. Avait-il encore peur ? Il se souvenait de cette époque où il était effrayé par cette vie, cette prison, qu’il avait peur de la folie qui pourrait l’emporter, qu’il avait peur de la solitude mais aujourd’hui, avait-il encore peur ? Il l’ignorait, il était incapable de répondre à cette question parce qu’elle n’entrainait chez lui plus vraiment d’émotion malgré les questionnements, malgré le souvenir. Il savait qu’il ne pouvait pas lui mentir mais il savait aussi que la vérité pourrait peut-être l’éloigner ou l’effrayer. Il se résolu pourtant…

« Je ne sais pas… »

Avoua-t-il humblement sans se justifier sur les raisons pour lesquelles il ignorait la réponse. Gardant son maître contre lui, il profitait de se contact qu’il n’avait plus ressenti depuis tellement longtemps.

« Pourquoi cette nuit est-elle si lumineuse ? »

Comme l’avait dit Rê lui-même, il se perdait parfois mais l’ubaid serait toujours là pour le ramener s’il le devait.

okMJ

NPC Eli
NPC Eli
Gallions : 996
Re souffla doucement en l’entendant lui répondre. Comme souvent lorsqu’une question lui échappait il ne savait pas quelle réponse il aurait voulu entendre. La vérité certainement et c’était ce que Telg lui donnait. Il ne lui avait jamais menti et Re l’avait toujours accepté. Il avait du accepter cet esclave qu’on lui avait imposé, il avait du accepter en faire sa victime, il acceptait sa servitude, il acceptait son handicap, il avait accepté sa noirceur mais aussi sa lumière au sein de son esprit et ce soir, il acceptait son doute et il acceptait le fait qu'après tant d’années l’ubaid change. Il le serra tout de même un peu plus en fermant les yeux, comme pour se rassurer qu’il ne lui glisserait pas entre les doigts parce qu’il pouvait sentir que celui-ci semblait s’effacer doucement. Un esprit privé de corps, telle une fumée… Mais il ne le laisserait pas tomber, il l’avait promis, il serait toujours la.

Re tenta de retrouver son calme en se berçant de cette certitude mais la question de l’esclave ouvrit ses yeux et alluma une lueur tremblante dans ses iris clairs. Il frissonna. Ce fait aurait du le rassurer un peu plus et lui apporter du soulagement mais il se rendit compte qu’elle lui faisait aussi peur. Il aurait voulu que la nuit ne soit que la nuit, aussi angoissante et oppressante soit-elle pour le dédouaner de venir voir Telg et de se blottir dans son esprit pour s’en protéger. Mais une fois de plus cela lui rappelait qu’il n’était peut-être pas la pour fuir l’ombre cette fois-ci, mais bien la lumière.

Elle brille… Si fort… murmura-t-il alors que la lumière commençait inévitablement a envelopper son esprit et vint briller un peu plus autour d’eux dans celui de Telg.
Je peux la sentir en moi… Comme je l’ai toujours sentie. Mais plus forte. La malédiction… flétrie et se terre, comme si elle avait peur. Tout comme moi j’ai peur… Je peux la voir… L’Ombre par delà l’horizon. Lorsque Ra s’en va la conquérir elle semble plus sombre que jamais, plus forte que jamais. Et je crains, comme j’ai toujours crains, qu’un jour je ne le verrais pas revenir. Ma foi tremble mais mon coeur lui… continue de briller. Et ça me fait peur, plus encore… J’ai peur qu’un jour lui aussi me demande de briller seul. Et je ne veux pas ! Je ne veux pas… avoua-t-il en éclatant doucement en sanglot et en serrant un peu plus Telg contre lui.

Il avait passé tant de temps a se battre contre le mal et le noir, noyé dans le désespoir et la terreur qu’il n’avait jamais pensé qu’en retrouvant la lumière, il serait toujours autant terrifié. L’illustration était si claire. Lui, enveloppé de cette lumière divine si puissante, chaleureuse et pure et pourtant il était recroquevillé dans les bras de son ubaid, pleurant et tremblant comme l’enfant qu’il avait toujours été.

Pourquoi ai-je si peur ? Pourquoi me sens-je si faible ? Pourquoi est-ce que je me recroqueville et je tremble ? Comme un serpent maudit ? La lumière… La lumière devrait être mon guide mais elle m’aveugle. Elle m’enveloppe mais elle m’étouffe. Et elle me brûle… Elle me brûle…

La lumière qui les entouraient, leur offrant leur lieu de retravaille se fit de plus en plus forte au fur et a mesure que l’esprit de Re se perdait dans ses visions et même dans la réalité ses yeux se mirent a nouveau a briller. Mais la lumière était comme le décrivait le maître et elle brilla toujours plus fort et toujours plus chaude, jusqu'à perdre sa couleur dorée pour une teinte de plus en plus rouge.

Il y a quelque chose d’autre… La… Au sud. Du feu. Du feu derrière l’horizon. Il brûle, aussi fort que le soleil du matin… Plus fort que le soleil… Il brûle… Tout… Il brûle… Il… brûle…

Poussant un cri de surprise en sentant les flammes de son esprit lui brûler la peau, il recula d’un bond en manquant de tomber a la renverse dans la réalité. Il retrouva immédiatement le noir de la petite pièce et de la nuit et batailla pour retrouver son souffle et emplir ses poumons d’un peu d’air frais. Il recula jusqu'à un mur de pierre du Temple pour se raccrocher a la réalité et se rassurer et moins d’une seconde après, Asim ouvrit la porte et s’agenouilla a ses cotés d’un air inquiet.
- Que s’est-il passé ? Que fais-tu ici ? Je pensais qu-
- Tout va bien… rassura Re d’un souffle encore un peu affolé.
- Tu transpire, qu-
- Tout va bien. répéta Re d’un ton un peu plus ferme et Asim fit silence pour le laisser retrouver son calme.
Re releva les yeux vers le corps inerte de Telg et l’inquiétude et la culpabilité ne tardèrent pas a alourdir ses traits. Il profita tout de même encore de quelques secondes de silence et de solitude avant de reprendre la parole.
- Je suis désolé, Telg. dit-il d’un ton un peu amer.
Désolé de le quitter si brusquement, désolé de ne pas pouvoir entendre sa voix, désolé de lui avoir infligé son tourment alors que c’était justement la raison pour laquelle il lui interdisait l'accès a son propre esprit, désolé de ne pouvoir lever cette interdiction, désolé de tant de choses qu’il serait incapable de tous les énumérer.
- Ce n’était pas une bonne idée… marmonna-t-il avec déception plus pour lui-même ou même pour Asim que pour Telg.

- Vous… vous pouvez continuer a parler. Je peux rester. proposa humblement Asim en voyant Re commencer a s’éloigner.
Depuis qu’il était revenu au Temple et avait juré de veiller sur Re, il avait fini par devenir l’intermédiaire privilégié dans les échanges entre Re et Telg. Faute de pouvoir directement communiquer avec le chef du Temple, l’esclave pouvait parler au protecteur qui répétait simplement ce qu’il pouvait entendre. Re releva les yeux vers Asim avec un faible sourire peu convaincu. Après avoir eu le droit de voir et de parler a Telg, entendre ses mots dans la bouche d’un autre aurait un goût bien trop fade et amer. Il savait qu’il y serait contraint s’il voulait éviter d’autres dérapages, mais pas ce soir.
Dépité, il fit comprendre a son protecteur que ce n’était pas la peine et quitta simplement la pièce sans un regard en arrière.

okMJ

NPC Amy
NPC Amy
Gallions : 1038
Il lui montra, ses craintes et cette lumière aussi aveuglante que dévastatrice. Il pouvait sentir sa morsure contre lui alors qu’il se savait, dans la réalité, à l’abri des rayons. Et cette douleur, il la connaissait que trop bien, lui que le soleil brulait la peau aussi facilement qu’il faisait fondre la glace. Il supporta pourtant, sans un mot, parce que c’était son devoir. Peu importait les supplices et les douleurs qu’il pourrait lui infliger, il serait toujours là. Mais l’intensité du moment amena son maître à le chasser violemment des lieux et il retrouva la noirceur et la solitude de sa prison en un éclair. Bien qu’il fut libérer de la douleur "factice" des brûlures, celle qu’il ressentait en cet instant était bien réel et plus horrible encore. S’efforçant à rester enchaîné pour ne pas retrouver Rê, s’efforçant à ne pas quitter son corps pour rejoindre son âme. Il fixait le toit de sa demeure en témoin muet d’une scène qu’il ne pouvait même pas observer.

Reconnaissant la voix d’Asim, il fut contraint d’écouter leur échange. Il essayait de comprendre ce qui s’était passé, n’oubliant pas son unique devoir, chassant la douleur avec cet objectif précis. Aider et servir son maître. Alors qu’il l’entendait s’excuser, il eut envie de lui demander pourquoi, tout comme il eut envie de lui demander en quoi ce n’était pas une bonne idée. Il se sentait complètement perdu, et il maudissait sa condition en cet instant précis tout comme il maudissait chaque être capable de pouvoir se servir de leur corps à leur guise. Râ l’avait puni, dès sa naissance et ne semblait pas vouloir lui donner le moindre répit, ni à lui, ni à son maître.

Il ressentait que peu de chose, mais le sentiment qui enserrait son cœur en cet instant avait toujours eu quelque chose de familier. Alors que Rê quittait la pièce, il prit violemment d’assaut l’esprit d’Asim, lui offrant les dernières paroles que son maître lui avait donner, peut-être comprendrait-il, peut pas, mais il prit le risque de partager les craintes sur le sud.
C’est avec la même violence qu’il le libéra de ces images bien qu’il ne quittait pas complètement son esprit, il y resta assez pour parler avec Asim.

« Le sorssar devra être là lorsque la malédiction se réveillera… »

Le cafard…C’était ainsi qu’il nommait Kafele, seul personne que l’ubaid se permettait d’insulter aussi librement et pour cause, il était la cause de son infirmité et il le haïssait, probablement autant que ce soldat devait le haïr…

okMJ

Contenu sponsorisé
Revenir en haut