Lun 31 Déc - 16:57 (Δ)
Furieux, Saïd sentit la colère monter en lui comme une tornade, mais il ne pouvait toujours pas bouger.
- Zoya ! Gronda-t-il car quelque part dans son cerveau mutilié, l'idée que cela était de sa faute vint lui mettre son prénom à la bouche.
- ZOYA ! Hurla-t-il une fois, puis encore et encore sans se fatiguer ou se lasser, fasciné par sa voix clamant ce nom et à chaque fois persuadé que le prochain appel ferait une différence.
Dans le brouillard noir, sa voix résonnait, furieuse et persistante, filant dans un espace infini et vide.
- Zoya.
Son appel sonna soudainement plus faible à ses oreilles que les cris bestiaux qu'il avait jusqu'alors hurlé encore et encore. Il s'arrêta enfin. Sur son front, son épais sourcil vint s'arquer et ses lèvres se pincèrent. Faible et rauque. Il ouvrit les yeux.
Avait-ils les yeux clos jusqu'à présent ? Sentant ses paupières se crisper à la vue de la lumière éblouissante du jour, il s'en rendit enfin compte. Le brouillard noir n'était au final rien de plus que ses paupières closes. Quelle connerie.
Lorsque ses yeux dorés s'habituèrent à la luminosité, il n'eut pas de mal à remarquer qu'il n'était pas seul dans cette petite chambre blanche ennuyeuse. Affaissée sur un fauteuil, une femme dormait profondément. Ses cheveux blonds tombaient élégamment sur son visage et pourtant, Saïd la reconnu.
- Zoya ?
Son appel jusqu'alors autoritaire et agressif était devenu une faible question, un doute. Elle avait changé. Était-ce cet élégant filet de bave qui coulait de ses lèvres ? Non, celui-là il le connaissait bien. Un nouveau rouge à lèvres ou une nouvelle coiffure ou ce genre de chose insignifiante que les filles veulent à tout prix qu'on remarque ? Peut-être.
Il l'observa un peu plus longtemps puis soupira, se rendant compte que la blonde continuait à dormir en l'ignorant complètement. Un peu frustré, il se retourna dans ses draps et tenta de se rendormir en attendant qu'elle se réveille. Tout les muscles de ses membres rigides et lourds le firent souffrir, son avant bras le brûlait, sa gorge sèche l'irritait et la peau de son visage le piqua, mais ce fut une petit boucle sombre lui caressant la joue qui lui rouvrit les yeux.
Il se redressa et les draps glissèrent, révélant son corps habillé d'un pyjama d'hôpital. Saïd grogna, mais il n'était pas surprit. Il avait été blessé, et ce lit était bien trop petit et laid pour être autre chose qu'un lit d'hôpital. Mais ce fut cette vision qui lui imposa un peu de réflexion. Depuis quand était-il inconscient ? Une heure ? Un jour ? Une semaine ? Son regard chercha Zoya du regard à nouveau mais celle-ci restait assoupie.
Frustré, Saïd renifla. Il comptait sur elle pour lui apporter des réponses et pourquoi pas quelques chauds câlins matinaux et elle restait là comme une jolie princesse, la belle au bois dormant. Il voulu lui lancer quelque chose pour la faire réagir mais il n'avait rien à portée pouvant servir de projectile. Se recevoir la table de chevet ne la mettrait pas d'humeur sensuelle, si ?
Il chercha un instant et tomba sur cet atroce habit d'hôpital. Décidément, rien ne l'aidait pour avoir un peu d'action matinale. Trouvant sa petite idée, il ôta sa toge. Quelle merveilleuse image au réveil que Saïd Wilkes nu et motivé, elle n'y résisterait pas. Mais alors qu'il passa sa tête dans le col, ses bouclettes vinrent à nouveau lui titiller le visage. Gêné, il jeta son habit dans un coin et tira une de ses longue mèche bouclée. Depuis quand avait-il des cheveux de nana ?
Coupé dans son élan séducteur, il oublia Zoya un instant et se décida à se lever. La tâche ne fut pas aisée et chaque douloureux et fatiguant mouvement ajoutait du temps au compteur mental de Saïd. Il avait definitivement passé plus d'un mois sans bouger. Trois, quatre mois ? Il réussit à tituber jusqu'à la salle de bain et, le compteur explosa.
Interdit, il observa son reflet en silence. C'était lui. Pas de blague, pas d'illusion, pas de miroir changeant. Étrangement il comprit ça immédiatement en faisant face au miroir. Une affreuse barbe ornait ses joues creusées et ses longues boucles dérangées recouvrait son anciennement magnifique visage. Un caniche. Il ressemblait à un caniche asséché, empaillé et poussiéreux. Seuls ses yeux dorés avaient gardé leur lueur inquiétante, mais ils étaient entourés de cernes. Un rictus anima son visage et des rides apparurent au coin de s yeux, son nez et sa bouche.
Il aurait pût hurler, briser le miroir d'un coup de poing, mais il resta bête, bloqué sur son terrible reflet. Et lui qui pensait pouvoir émoustiller Zoya, il était vraiment loin du compte. Sa surprise se changea doucement en mépris comme s'il jaugeait le vieux Saïd avec dédain, mais sans pourtant éprouver de honte. Va falloir changer ça se dit-il simplement et il ouvrit la petite armoire derrière le miroir.
Quelques bandages et compresse, un gant, un peigne et une vieille lame de rasoir. Il manquait carrément une baguette magique, mais Saïd s'en contenta. Bizarrement, il n'était pas fâché de ne s'être réveillé baguette à la main alors qu'il ne la quittait pourtant jamais. Alors qu'il saisit la lame de rasoir, il songea seulement qu'elle l'encombrerait.
Toujours nu lorsqu'il sortit de la salle de bain, il se sentit doucement réchauffé par les rayons du soleil. Étant resté debout pour faire son rapide et grossier relooking, il se sentait plus sûr sur ses appuis et s'étira même longuement. Ses articulations craquèrent en le faisant souffrir atrocement et les nombreuses cicatrices de son corps le pincement atrocement mais Saïd laissa échapper un discret grognement proche d'un gémissement de plaisir.
Zoya sembla enfin lui répondre de son propre petit grognement, mais changeant de position sur son fauteuil, elle n'ouvrir pourtant pas les yeux. Avec un petit sourire à la fois attendrit et inquiétant, Saïd s'approcha doucement d'elle. Comparé à lui, elle avait bien écaissé les années. Il reconnaissait avec nostalgie chacun de ses traits et découvrait avec fascination son nouveau visage. Était-elle toujours aussi chiante ? C'est la pensée qui passa dans son cerveau alors qu'il ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres d'elle.
Il se mordit la langue. La réveiller ou ne pas la réveiller ? Lequel serait plus digne de Saïd ? Ou peut-être pouvait-il seulement l'observer dormir, ronfler et baver ? Elle était tellement belle.
Non, ennuyeux. Et puis elle l'avait ignoré alors pourquoi la récompenser de son magnifique corps ? Il renifla, soudainement désinteressé. Son regard s'attarda alors sur les lèvres de Zoya. Il les connaissait bien ces lèvres et pourtant, il voulait les redécouvrir. Chaudes, juteuse, délicieuses... Peu importé si elles avaient changées, elles l'hypnotisaient toujours autant. Juste un baiser ?
Allons Saïd ! Sembla-t-il se rappeler à l'ordre en reculant. Allait-il vraiment être ce Saïd là ? La princesse sauvée d'un long emprisonnement ? Non, c'était elle la petite princesse, et son prince n'avait pas que ça à faire après son long sommeil. Il avait un nouveau look et un plutôt sexy d'ailleurs, mais son esprit était le même. À qui Saïd Wilkes pense lorsqu'il se réveille d'un coma de je ne sais combien de temps ? Saïd Wilkes. Et Saïd à faim.
Il se redressa alors maladroitement et saisit le sac à main de sa belle Zoya posé au sol à côté d'elle. Toujours des goûts de chiotte. Il prit son porte monnaie comme s'il s'agissait du sien et chercha une poche ou le ranger avant de se rendre compte qu'il était nu. Il prit l'argent tel un vulgaire voleur et jeta le porte-monnaie, mais n'eu toujours pas de poche où mettre tout ça. Agacé, il laissa échapper un petit soupir d'exaspération et alla pour quitter la chambre. Il trouverait bien quelque chose.
Il posa sa main sur la poignée de la porte mais s'arrêta et se retourna vers la belle endormie. Allait-il la laisser comme ça, seule avec un lit vide et dépouillée de son fric ? Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Non. Pas assez. Il revint sur ses pas et fouilla à nouveau dans le sac à main de Zoya pour en sortir son rouge à lèvres. Ah, un nouveau, il l'avait bien vu. Déposant un petit baiser sur le tube d'un air enjoué, il l'ouvrir et traça sur les draps blanc du lit où il était resté tant de temps : "Faim. Partit bouffer. S."
Une infirmière s'arrêta, les yeux tels ceux d'un hiboux en croisant l'homme nu se baladant naturellement dans le couloir de l'aile est de St. Mangouste. Elle hésita à crier, mais le sourire enchanté que l'inconnu lui lança lorsqu'il rencontra son regard la troubla encore plus. Elle lui rendit faiblement son sourire avec gêne. Avant qu'elle ne puisse reflechir plus a la situation, il sembla voir quelque chose d'interessant dans une des chambre et y penetra. Sa tête lui disait quelque chose, mais qui ? Un ami d'un des comateux ? Elle ferait mieux de demander à une collègue. Elle partit en trottinant.
- Eh. Eh debout !
L'homme assoupi se réveilla en sursaut. Il n'avait pas encore très bien saisit la situation qu'il eu le réflexe de tendre la main vers sa baguette, posée sur sa table de chevet. Heureusement, Saïd su réagir assez vite pour l'attraper avant lui et le menacer avec. Avoir à nouveau une baguette dans la main lui donna une sensation étrange. En fait, ce qui était le plus étrange était qu'il ne sentait rien de particulier. Il la pointa vers le malade pour qu'il se tienne tranquille mais la légèreté et la banalité de son arme lui donna l'impression de tenir un simple bout de bois.
- Tu ouvres la bouche, je te pulvérise. Menaça-t-il alors que sa victime commençait à gémir. Et tous deux savaient que, tenant une baguette qui ne lui était pas destiné, c'était possible, même par accident. L'homme ferma son clapet. Il sembla alors seulement remarquer que son agresseur était nu et fit une grimace bizarre.
- J'te pique des fringues. Expliqua Saïd d'un air joyeux provoquant et il alla se servir dans la valise qu'avait apparemment apporté le convalescent. Ce dernier était bien plus gros que Saïd et ça n'était pas surprenant en sachant que Saïd n'avait rien mangé depuis des siècles. Enfilant un caleçon qui glissa dangereusement sur son aine osseuse, il prit ensuite son temps pour choisir parmi les affaires de l'autre.
- C'est quoi ton problème en fait ? Demanda-t-il par curiosité alors qu'il finit par prendre un jogging gris tout aussi large mais dont l'élasticité était un peu plus efficace. Il n'eut pas de réponse.
- Eh, oh, le muet, pourquoi t'es à l'hosto ? Insista-t-il agacé en faisant tournoyer sa baguette en petits moulinets menaçant. Parle, bouseux ! Ordonna-t-il en comprenant que l'idiot craignait encore sa première menace. Il prit un sweat qu'il enfila sur son torse nu.
- Be- Be beux bah barler ! Articula comiquement le malade d'un air à la fois effrayé et mécontent. Saïd pouffa.
- Ben ta gueule alors ! Rétorqua-t-il d'un ton chantant avant de se diriger vers la porte. Il s'arrêta pour enfiler les baskets du malade et quitta la pièce sans autre forme de commentaire, remerciement ou salut. Les cris mécontents s'élevèrent presque aussitôt de la chambre qu'il quitta mais, maintenant vêtu, la capuche masquant un peu son visage et la démarche assurée et rapide, il ne fut pas remarqué par les infirmières qui allèrent voir ce qu'il se passait.
Dehors, les voitures moldues faisaient incessamment des aller-retours comme pour aplanir la route noire qu'ils traçaient sur le sol. Ce genre de transport n'avait jamais paru attirant pour les Wilkes qui prenaient en horreur toute invention moldue, même celles répandues et appréciées dans le monde des sorciers. Mais il fallait avouer que ça n'était pas non plus répugnant de voir ces humains handicapés défiler dans leurs boîtes de conserve roulante, suivant sérieusement leur petit code de conduite. Le spectacle avait quelque chose d'hypnotisant et de reposant et pendant un court instant Saïd se laissa distraire. Était-ce seulement une impression où les machines avaient évolué esthétiquement ?
Il finit par se lasser et chercher ce pourquoi il avait finalement quitté la chambre et rapidement, il s'arrêta devant un petit établissement moldu. Derrière la vitrine, il put voir des petites tables et des banquettes style américain visiblement assez confortable. Il entra et glissa sa baguette dans la profonde poche de son pantalon alors qu'une discrète sonnette annonçait son entrée. Il vit aux différents regards qu'on lui lança à ce geste qu'une bonne partie des clients étaient en fait sorciers. Ils étaient juste à côté de St.Mangouste après tout. Avec enthousiasme, il se vit offrir par la caissière de payer en argent sorcier. Elle était donc dans le coup. Il avait prit tout ce qui ressemblait à de l'argent dans le porte monnaie de Zoya, mais l'argent moldu restait pour lui un mystère illogique et étrange. Il eu un sourire reconnaissant envers la caissière et alla s’asseoir.
En se laissant tomber sur le cuir rougeâtre de la banquette, il se souvint soudainement et sans raison qu'il n'aimait pas les moldus. Alors qu'en entrant il avait reconnu des sorciers dans un café moldu, il voyait maintenant des moldus dans un établissement de sorcier. Quelle horreur. Il eu une grimace peu modérée de dégoût et lança même un regard noir à la serveuse qui lui apporta son beignet et son café. Pourquoi acceptaient-ils ces indésirables ?
Il déjeuna tranquillement, laissant ses pensées banales vaquer de sujet en sujet. Il est clair cependant, vu sa mine ennuyée et reposée qu'il ne songea jamais à quelque chose de très important.
Que s'était-il vraiment passé ces derniers temps ? Où en était la guerre ? En quelle année était-il ? Il avait aperçu sur un kiosque à journaux qu'ils étaient le deux septembre, lendemain de la rentrée, mais il ne s'était pas attardé pour voir l'année.
Et le Seigneur des Ténèbres ? À quels sombre desseins aspirait-il maintenant ? Tuer des bébés ? Et les Mangemorts, Severus, Evans, toujours à sa botte ? Pourquoi a la place de sa marque était maintenant une énorme brûlure cicatrisée ? Il remarqua cette nouvelle marque seulement après avoir finit son beignet et l'observa pendant un long moment sans vraiment montrer une quelconque réaction. Est-ce que cela signifiait qu'il n'était plus Mangemort ? Est-ce que la sensation de brûlure était un appel de Lord Voldemort ou venait seulement de la blessure ? Les questions se succédaient et n'ayant personne pour y répondre, il soupira, prit une nouvelle gorgée de café et passa à autre chose. Au moins, grâce à ça, il ne s'était pas réveillé à Azkaban entouré d'aurors et de détraqueurs se dit-il tout en examinant le système curieux du petit distributeur de serviette en papier posé sur chaque table.
La sonnette d'entrée retentit une énième fois et alors que Saïd lança un regard furtif pour son jeux mental "Sorcier ou Molebouse", il reconnu immédiatement la femme de sa chambre.
- Zoya ! Appela-t-il joyeusement. Ça fait un sacré bail. Ajouta-t-il avec son sourire Saïdien avant de lancer bruyamment, T'es vieeeeeiiilllee !
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Mer 2 Jan - 16:55 (Δ)
les jours s’enchainaient, les semaines, les mois, et même les années.
Ce matin-là, elle n’avait pas dormi depuis plusieurs jours quand elle s’était rendue à l’hôpital sainte-mangouste. S’installant toujours sur la même chaise, elle sortit de sa poche une étrange photo. Il s’agissait du visage apaisé d’un enfant qui semblait dormir, un triste sourire sur les lèvres, elle rangea la photo avant de se sentir faiblir. Observant alors le corps endormie sur le large lit d’hôpital, elle se senti presque bercé par le bip sonore…Si bien qu’elle sombra rapidement dans le sommeil.
Elle avait eu l’impression de ne dormir qu’une seconde lorsqu’elle rouvrit les paupières. Ne se rendant pas compte directement que l’homme qu’elle était venu visiter s’était tout simplement envoler. Lorsqu’elle remarqua le lit vide, elle ne put s’empêcher :
« Saïd ? »
Son cœur s’emballait douloureusement alors qu’elle quittait précipitamment sa chaise. Découvrant rapidement le mot écrit à coup de rouge à lèvre, lui bousillant au passage le contenu du tube. Elle soupira, attrapant son sac et quittant la chambre sans demander son reste. Vérifier le restaurant de l’hôpital dans un premier temps, elle pesta en se rendant compte que cet andouille était sortie à l’extérieur. Elle craignait qu’il ait eu la stupidité de sortir avec sa blouse d’hôpital.
Son esprit ne se rendait pas encore bien compte de ce qui se déroulait, c’est en passant la porte du restaurant qui se trouvait à l’extérieur et qu’elle le vit que le temps semblait s’arrêter.
S’agissait-il d’un putain de rêve ? Peut-être était-elle encore endormie sur la chaise ou alors elle avait fini par en avoir ras-le-bol de son existence et elle s’était foutu en l’air.
- Zoya ! Ça fait un sacré bail. T'es vieeeeeiiilllee !
Quittant sa rêverie, elle se plaça en face de lui :
« Tu t’es regardé dernièrement, un charpey est moins ridé que toi… »
Elle soupira alors que la serveuse venait les rejoindre :
« Un café… »
Dit-elle froidement, sans bonjour ni même un regard, entendant alors un faible murmure l’insultant en son intention, elle esquissa un sourire alors qu’elle fouillait son sac pour sortir une cigarette :
« Si elle ne crache pas dans mon café celle-là, je serai surprise… »
Reposant son attention sur Saïd, elle n’alluma pas directement la cigarette.
« Je te savais fainéant mais 15 ans à pioncé… »
Mer 2 Jan - 17:12 (Δ)
- Oh je me trouve plutôt sexy. lui répondit-il avec un sourire. Peu importe la tête avec laquelle Saïd se serait réveillé, son orgueil et son amour de soi n'ayant pas disparu il n'était pas étonnant que les rides ne le gênait pas.
A la fois frustré mais excité il remarqua que Zoya ne lui ai pas sauté dessus dès qu'elle l'avait vu mais jouait plutôt son jeu de l'indifférence, comme si son réveil n'avait rien de particulier. A les voir tous deux assis là dans un café à prendre tranquillement leur petit déjeuner, on aurait pu croire qu'il ne s'était rien passé et pourtant.
Encore joyeux, il lui répondit d'un simple sourire et d'un haussement de sourcil qui fit apparaître de nouvelles rides sur son front. Il réprima même un rire en voyant la serveuse partir la mine sombre avec la commande. Du crachat, délicieux. Mais la joie ne dura pas très longtemps lorsque Zoya mentionna enfin la longue absence de Saïd.
Quinze ans. Le chiffre se coinça dans sa gorge alors qu'il déglutit difficilement la gorgée de café qu'il avait commencé à boire. Ses yeux se perdirent un instant, sombre et lugubre avant de retrouver ceux de Zoya. Il eu un petit air mécontent comme pour montrer qu'il aurait préférer continuer le jeu de l’indifférence un peu plus longtemps.
- J'ai craché plein de fois dans ton café et t'as jamais remarqué. Ou alors tu aimais ça. finit-il par dire avant que son silence ne montre trop son trouble. Il reprit une gorgée de café.
Il le déglutit tout aussi difficilement et eu une certaine moue. Il cherchait quoi dire. Heureusement la serveuse vint servir le café de Zoya la mine toujours aussi sombre, lui donnant un peu plus de temps pour réfléchir. Il suivit la fille du regard comme si elle le distrayait mais lorsqu'elle fut loin, il n'avait toujours pas trouvé de réponse intelligente.
Il fixa Zoya et eu un petit sourire crispé.
- Alors, j'ai manqué quoi ? finit-il par dire amusé, mais il recula pour s'adosser a dossier de la banquette, plutôt inquiet en réalité.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Mer 2 Jan - 18:40 (Δ)
« Pour pas changer »
Avait-elle commenté alors qu’il se réjouissait déjà de sa beauté. Saïd ne serait pas Saïd sans son narcissisme assumé. La situation lui paraissait pourtant tellement étrange et si son visage laissait apparaitre l’indifférence son cœur battait la chamade, lui empoignant la poitrine douloureusement, qu’allait-elle pouvoir lui raconter au final ? Il avait perdu quinze ans de son existence et pire que tout, alors qu’il était réveillé, elle se voyait déjà se perdre à nouveau dans ses bras.
Chassant ses idées peu chastes de son esprit, elle regarda sans le vouloir la porte des toilettes, esquissant un sourire en se souvenant du début de leur histoire, un baiser, dans une ruelle sordide et dégueulasse. Les papiers et les sacs plastiques virevoltant autour d’eux dans un ballet de crasse.
« C’est pas si autre chose que ta salive avait fini dans ma bouche »
La franchise de Zoya n’avait pas changé au fil des ans, cassant l’allure si féminine qu’elle pouvait avoir en quelque mot vulgaire. Une tasse se posa sous les yeux de Zoya, se remplissant du liquide noirâtre du café qu’elle avait demandé. Au moins, elle l’avait rempli sous ses yeux, rassurant la sorcière sur l’éventuel trace de salive qu’elle aurait pu y trouver.
Sa remarque ses quinze années de coma se retourna littéralement contre elle lorsqu’il lui demanda directement ce qu’il avait manqué.
Dans un sourire un peu coquin, elle laissa le bout de son pied caressé sa jambe.
« D’abord, de folle nuit de débauche… »
Essayant juste d’alléger l’atmosphère avant de faire la lourde liste des choses qu’il avait pu manquer.
« De ce que j’ai pu piger, le mioche qu’Evans avait pondu avec Potter était la nouvelle obsession du Lord, il a fini par les retrouver…Ils sont mort, et le gamin par je ne sais quel miracle aurait survécu et tué, au passage, Voldemort. »
Elle murmurait, même si elle savait que la majorité des clients présents étaient sorcier, elle ne tenait pas à prendre risque.
« Le plus drôle c’est que c’est Sirius qui purge la peine à Azkaban, sans forme de procès, sois disant le bras droit du Lord…Bellatrix, son malade de mari et le beau frère on finit à Azkaban aussi. Regulus est mort après s’être rebellé, Karkaroff et Dolohov à Azkaban, Rosier est mort le jour de l’attaque et Wilkes aussi »
Elle le fixa, buvant une gorgée…Essayant de par cette unique phrase de comprendre tout ce qu’elle avait pu faire pour qu’il ne finisse pas à Azkaban…
« On continue ? »
Mer 2 Jan - 19:21 (Δ)
- Et tu en redemandais tout le temps. lui répondit-il d'une voix vibrante et provocante. Saïd et Zoya, le summum du glamour.
Lorsqu'il sentit son pied caresser lentement sa jambe il ne put contrôler le sourire qui se dessina sur son visage comme si un nerf reliait directement ses lèvres à la surface de peau qu'elle caressait doucement. Une autre partie de Saïd réagit tout aussi promptement à cette tentation, mais elle restait cachée sous la table. Bon Dieu ce qu'elle avait comme effet sur lui.
Il ne su si c'était le désir qui montait en lui qui le distrayait du récit compact des évènements importants de ces dernières années ou si le récit était bien trop compact et compliqué pour vraiment être compréhensible mais il ne l'écouta qu'à moitié, n'observant que le mouvement de ses lèvres vulgaire faire augmenter ses pulsions. Il se mordit les siennes comme pour se rappeler à l'ordre car il savait que ce qui se disait là avec beaucoup d'importance. Il ne comprit pas du tout pourquoi elle s'était mise à parler de Potter et d'Evans, des gars de Poudlard et de l'ordre du Phoenix, mais son attention fut captée par le nom du Seigneur des Ténèbres, même chuchoté. Malheureusement ce nom se trouvait à la fin d'une phrase que Saïs avait à moitié écouté et qu'il fit mine de comprendre sans détacher son regard des lèvres pulpeuses de Zoya.
Il renifla avec un air de dégoût et de moquerie en entendant le nom de Sirius Black connu pour être un traître à son sang mais une fois de plus, la suite fut trop rapide pour que le sorcier n’imprime vraiment quoi que ce soit. Il comprit Azkaban, et comme la liste de nom qui suivit était assez longue, il comprit que beaucoup de Mangemorts s'étaient faits emprisonnés ou étaient morts.
Un rictus anima le visage de Saïd lorsqu'il comprit qu'Evan, son ami de longue date était mort. Il ne put s'empêcher de se remémorer le jour de l'attaque alors qu'il poursuivait Evan qui lui, poursuivait Zoya. Pas ravi de se souvenir de ça, il tenta de ne pas réfléchir à la suite et détourna son regard doré un instant.
- W- ? il cru entendre son propre nom mais il ne comprit pas vraiment pourquoi il apparaissait dans la liste. Il retrouva le regard de Zoya qui ne lui indiqua rien de particulier sur ses intentions. Il n'était pas mort ! Une lueur de protestation et de fureur étincela derrière ses yeux mais elle s'en alla rapidement. Trop chiant de réfléchir.
Il soupira comme si la semi-écoute de ce discours l'avait fatigué ou choqué mais en réalité il s'ennuyait de plus en plus. Elle bu son café en observant sa réaction. Il essaya e profiter de ce temps pour comprendre un peu plus ce qu'il avait entendu mais abandonna rapidement. Il prit lui aussi une des dernières gorgées de son café et lorsqu'il reposa sa tasse elle proposa de continuer. Il eu une mue puérile qui montrait clairement que ça ne lui plaisait pas tant que ça.
- En gros... On a perdu la guerre ? demanda-t-il alors, l'incitant à être un peu plus concise et claire dans ses explications. S'armant de sérieux il déposa sa tasse de café et se pencha pour se rapprocher d'elle. Ses sourcils étaient froncés et sa bouche ne souriait pas mais il ne semblait pas vraiment soucieux de la réponse. En fait, elle pouvait clairement lire qu'il s'en foutait complètement.
Elle alla pour continuer son récit mais il ne put tenir sa concentration plus longtemps et coupa son premier mot en écrasant ses lèvres contre les siennes. Se redressant par dessus la table, il fit tomber de son geste brusque sa tasse de café quasi finie qui se brisa sur le carrelage avec un bruit qui attira le regard des autres clients et bien sûr de la serveuse mécontente.
Il se ficha complètement du raffut causé et de l'attention attirée, dévorant littéralement ces lèvres rouges qu'il avait observé avec envie jusqu'à ne plus pouvoir y résister. Il était capable de la prendre là, tout de suite sur la table du café devant tout le monde mais il sentit qu'elle le poussait pour gagner un autre endroit.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Mer 2 Jan - 19:56 (Δ)
Elle l’avait fixé, comprenant de par son air incrédule que cette andouille avait à peine écouté ce qu’elle avait dit. Une partie d’elle vibrait à l’idée que sa déconcentration soit simplement du à sa présence et son geste quelque peu déplacée sous la table mais une autre mourrait d’envie de le gifler pour qu’il comprenne tous les tenants et aboutissant de ce qu’elle venait de raconter. Il ne devait plus jamais se présenter sous le nom de Wilkes, pour ce qui était du prénom, elle savait déjà qu’il n’avait jamais pris pour habitude de se présenter en tant que Saïd.
Il lui avait posé une question, ils avaient perdu la guerre ? C’était donc tout ce qui comptait pour lui, d’avoir perdu ? S’ils avaient gagné, elle ne serait plus là pour lui raconter, si ils avaient gagné, lui non plus ne serait plus là…
La colère montait en elle autant que le désir, se souvenant de ces instants où il était capable de la faire exploser en quelque mot. Elle remarqua le pincement de ses dents contre ses lèvres, remarqua chacun des signes qu’elle n’avait jamais pu oublier, même après 15 années sans les voir. Et alors qu’elle s’apprêtait à changer ses idées et celle du sorcier qui lui faisait face, il s’était littéralement jeter sur ses lèvres pour les dévorer dans un baiser tout ce qu’il y avait de plus indécent et provocateur. Des clients s’en offusquaient, l’époque du punk était révolue depuis tellement de temps maintenant qu’aujourd’hui la pudeur était de mise. Elle grogna légèrement sous les baiser, s’efforçant de repousser Saïd malgré qu’elle n’en ait guère envie et qu’elle avait déjà entamé la route vers la sortie.
Elle fouilla les poches du sorcier, sortant les billets qu’il lui avait volé, plaçant un billet sur la table, elle ne s’inquiéta pas du montant avant d’attraper violemment le col du t-shirt trop grand de Saïd et de l’emmener dehors. Elle bifurqua directement dans une ruelle, attrapant une dernière fois les lèvres du sorcier avant de s’assurer qu’aucun regard moldus n’était posé sur eux. Ils disparurent, en un éclair, ne laissant derrière eux qu’un sac plastique volant au gré d’un courant d’air. C’est dans une tout autre ruelle que l’étrange couple réapparaissait. Les lieux ne devaient pas être inconnu à Saïd, encore moins à Zoya qui avait choisi de vivre dans un appartement deux pièces non loin du studios qu’elle avait pu occuper durant son adolescence.
Elle ouvrit la porte, entrainant avec elle en différent baisé brulant et furtif, l’homme qui l’accompagnait. Ils descendirent dans ce qui devait être un sous-sol…Les gouts de Zoya pour le glauque et le morbide ne semblait pas avoir changé, ouvrant une seconde porte qui cette fois, se trouvait être celle de son appartement.
Plaquant Saïd contre cette même porte pour fermer celle-ci, elle ne décolla pas ses lèvres des siennes.