Une famille moderne

Fenrir posa une main sur l'épaule de Remus et tout deux disparurent pour réapparaitre dans un paysage différent mais similaire de celui qu'ils venaient de quitter. Le décor était vaste et plat et laissait libre court au vent marin de caresser les terres et d'envelopper tout ce qu'y s'y dressait. L'odeur du sel leur déboucha les narines et chassa légèrement celle du sang qui souillait encore leurs vêtements. L'Alpha n'ôta pas tout de suite sa main de l'épaule de son loupiot alors qu'il posa son regard sur une grande maison de pierre entouré d'un petit jardin ou s'agitait paresseusement une balançoire. D'un côté de la maison, la mer, sombre et brillante et de l'autre une forêt qui s'étendait en profondeur sur le continent. Cette peinture n'avait rien d'intimidant et pourtant l'attitude du massif lycanthrope appelait à la prudence.

- Pas de précipitation. C'est une visite de courtoisie. dit-il calmement sans quitter la maison des yeux mais il était difficile de savoir s'il s'adressait à Remus, à lui-même, ou au propriétaire de la banale demeure.

Avec un petit soupir, il ôta enfin sa main de l'ancien professeur et s'avança d'un pas décidé pour prendre les devant. D'un pas rapide, presque précipité, il traversa le petit portail de bois et le jardin jusqu'à se retrouver devant la porte, légèrement trop basse pour lui. Reniflant un petit coup, il toqua à la porte.

- J'arriiive ! répondit la voix énergique d'une femme derrière la porte. Ils y eu des bruits de vaisselles, des bruits de pas, de l'agitation dans les rideaux de la petite fenêtre à l'étage, des bruits de conversations, des petits grognements accompagnés du bruit des informations à la télévisions. Les secondes passèrent ou se succédaient différents sons et Fenrir jeta un regard à son camarade en haussant un sourcil doucement agacé.

La porte s'ouvrit enfin, dévoilant une jeune femme à la chevelure de feu, les manches retroussées et l'oreille collée à un combiné téléphonique. Elle leva un doigt pour faire signe au deux arrivants d'attendre encore quelques secondes pendant qu'elle écoutait celui à l'autre bout du fil.
- J'en sais rien moi ! 500 grammes, 800 grammes, t'as qu'à prendre plusieurs paquet ! ... ... ... Ben on en fera plus ! Ou on le donnera au voisin. ... ... Tu sais quoi, la prochaine fois tu pourrais jeter un coup d'oeil à la recette aussi, hein ? ... Non là je peux pas y a des gens. ... ... Mais non c'est Fenrir et... J'sais pas qui. ... ... Oui ben dépêchez-vous alors ! Rooh c'est pas vrai franchement... râla-t-elle en appuyant sur un bouton pour raccrocher d'un air bougon. Pardon, pour ça. On s'est dit qu'on allait faire des cookies et... C'est vraiment pas aussi simple qu'on peut le penser ! s'excusa-t-elle en soupirant, retrouvant néanmoins son sourire naturel.

- Où est Jeremiah ? demanda Fenrir qui ne s'était pas déridé une seconde.
- Où est Rebecca ? se contenta de renvoyer la belle rousse avec un sourire espiègle. Elle jeta un coup d'oeil à l'homme qu'elle ne connaissait pas qui accompagnait l'Alpha.
- Lui c'est Remus- Lupin ! Oui je sais, j'déconnais. coupa-t-elle avant de tendre la main au concerner pour la serrer. Jemmy est un grand fan... En quelque sorte. chuchotta-t-elle avec un clin d'oeil pour l'ancien professeur.

- Et bien entrez, j'imagine, asseyez-vous, mettez-vous à l'aise, tout ça. Jemmy et Andrew ne devaient pas tarder, s'ils arrivent à se décider combien de paquet de beurre ils veulent acheter. invita-t-elle en se moquant doucement, tout en allant chercher la télécommande pour éteindre la télévision. Fenrir s'apprêta à parler mais il se fit rapidement coupé par la voix tonitruante de la rousse qui appela à l'étage.
- OPHELIA Y A DES INVITES ! DESCENDS DIRE BONJOUR !
- NAAAN ! J'VEUX PAS ET PUIS IL SENT LA MORT ! répondit une petite voix toute aussi puissante du haut de l'escalier. La rousse eu une grimace amusé en regardant Fenrir bouder sombrement mais elle se retint de rire en regardant ensuite Remus Lupin.
- L'AUTRE SENS PAS TROP MAL. ALLER DESCENDS ! insista-t-elle, les mains sur les hanches.
Un petit grognement se fit entendre en haut des escaliers suivis de bruits de pas au rythme peu enthousiaste. Une petite fille aux cheveux longs et châtains, l'air presque aussi bougon que Fenrir apparu et dévisagea les nouveaux arrivants en grimaçant. La rousse s'empressa de la tirer contre elle pour la câliner en rigolant doucement.
- Lui c'est Remus Lupin, tu sais, le professeur. présenta-t-elle avec douceur en désignant le deuxième loup-garou.
- Oui, oui d'accord. J'peux y aller maintenant ? grommela la petite fille en ne lui accordant qu'un bref regard.
- Ma puce, quand on te présente quelqu'un t'es sensé te présenté à ton tour. Tu sais ? Politesse tout ça... L'enfant soupira.
- Ophelia Reverand, enchanté. se présenta-t-elle d'un air lassé.
- Oh et moi c'est Samantha, Samantha Bern.se présenta à son tour la jeune femme rousse.

- Est-ce que les cookies sont prêt ? Il sent le chocolat. remarque Ophelia en toisant le nouveau venu du regard.

Il avait ressenti une boule dans son estomac à la seconde où il avait quitté son ancienne maison, laissant derrière lui un homme mourir lentement. Certes, il s’agissait d’un meurtrier, mais méritait-il pour autant ce sort ? Il se rappela les cris et les souffrances de Lise, cherchant à trouver la force et la rage qu’il avait ressentie à ce moment-là pour faire taire cette insidieuse culpabilité. Ce fut la voix de Fenrir qui l’attira à nouveau vers la réalité, il ne répondit rien dans un premier temps avant de simplement acquiescer à sa demande. Il ne savait pas vraiment dans quoi il s’embarquait mais quelque chose au fond de lui continuait de lui dicter qu’il devait le faire alors il obéissait à cet étrange instinct, se laissant dicter la suite du voyage.

Un nouveau décor, à la fois différent et similaire à celui qui entourait son ancienne maison, il jeta un regard aux alentours avant de questionner d’un regard Fenrir. Son attitude sous entendait rien de bon, la prudence, une visite de courtoisie, où l’avait-il donc emmené ? Il le suivit pourtant, jusqu’à la maison, et resta à sa côté lorsqu’il frappa à la porte.
Une voix féminine les accueillit, du bruit ensuite et deux bonnes minutes avant que la porte ne s’ouvre. Il observa cette femme, observa Greyback ensuite avant que la femme ne porte véritablement leur attention sur eux. Des cookies ? Il regarda à nouveau l’alpha, sans vraiment comprendre.
Mal à l’aise, il se sentait loin de chez lui et loin des autres, découvrant une partie méconnue de la vie de Fenrir. Il semblait les connaître, plutôt bien, qui était Rebecca d’ailleurs ? Il suivit sans un mot, restant discret, se tassant légèrement sur lui-même jusqu’à ce qu’une petite fille se présente à eux. La présence d’enfant le rendait toujours moins méfiant, plus à l’aise, peut-être était-ce à sa nature un peu paternaliste et empathique. Il observa l’enfant, esquissant un sourire amusé devant l’impatience de celle-ci à vouloir retourner à ses occupations, c’est là qu’il remarqua enfin que cela faisait déjà deux fois que la jeune femme faisait référence à lui comme une sorte de…Figure connue ?

Ces gens le connaissait alors que lui ignorait absolument tout d’eux, c’est lorsque la petite Ophelian remarqua l’odeur de chocolat qu’il comprit enfin où il se trouvait ou plutôt, la nature des gens qui l’entourait. Une autre meute…
Il n’en montra rien pourtant, plongeant sa main dans la poche de son manteau pour en tirer l’une des tablette qui s’y trouvait qu’il tendit à l’enfant.

« J’en ai toujours sur moi »

Précisa-t-il simplement avant de porter son attention sur l’adulte de la pièce, il aurait aimé lui demandé comment elle le connaissait et pourquoi ce Jemmy était fan de lui mais la question lui semblait tellement idiote et absurde qu’il n’en fit rien, d’autant plus qu’il n’était pas dans son élément, entouré de personnes qu’il ne connaissait pas, il préféra resté en retrait, spectateur muet de cette étrange cadre familial et chaleureux qui…A ses yeux…Dénotait complètement avec leur nature.

La jeune fille regarda l'homme sortir une tablette de chocolat de son manteau avec une petite moue mais une lueur s'alluma dans ses petits yeux brillants lorsqu'il la lui tendit. Sans attendre ou se poser de question,  elle la prit comme si elle avait été la sienne et recula.
- Ophelia ma puuuuuce !  On t'as jamais dit qu'on accepte pas de friandises d'un inconnu ? Taquina Samantha en la prenant par les épaules.
- C'est pas un inconnu j'le connais, on s'est présenté et puis j'l'aime bien lui. Rétorqua la petite fille sans quitter son air bougon.  Elle ouvrit un coin de l'emballage et renifla tout de même la sucrerie avec un semblant de méfiance.
- T'es juste jalouse parce que il te la pas donné à toi !  Nargua-t-elle avant de croquer à pleine dents dans le chocolat en s'éloignant nonchalamment pour se mettre sur le canapé.
- Mais !  Et les cookies ?  Rappela sévèrement la rousse.
- Jalouuuse ! Répéta Ophelia avant de rallumer la télé.

À ce moment même un bruit de craquement se fit entendre à l'extérieur. Le son était faible mais Fenrir ne le manqua pas et se retourna vers la porte qui s'ouvrit pour laisser entrer deux hommes en pleine conversation.
- Et là je lui ai dit "tu te fous de ma gueule ?! ". Mima le blond, plus grand et costaud.
- "Tu te fous de ma gueule." fit écho le second plus petit et svelte d'un air doucement amusé en hochant la tête alors qu'il refermait la porte derrière eux.

Le salon de la maison commençait à être un peu bondé mais cela ne sembla pas vraiment gêner la petite meute de gallois qui continuèrent de vivre joyeusement.
- On en a prit trois du coup. Avertit le grand blond en tendant son sac de courses à la jeune femme.
- Ah !  Ben comme ça on vraiment sûr d'en avoir trop ! Rétorqua la rousse.

L'homme brun fut le premier à se retourner vers les deux étrangers avec un petit sourire navré. Il releva les yeux vers Fenrir qui lui ne l'avait pas quitté du regard depuis qu'il était rentré. Tous deux semblèrent converser silencieusement pendant une brève seconde avant qu'il ne retourne vers le deuxième invité. Il lui tendit la main.
- Jeremiah Burton. Enchanté. Se présenta-t-il et alors qu'il lui serrait la main, le professeur pu voir qu'il l'était très sincèrement. Excusez ma famille, notre petite mission pâtisserie a généré un peu d'agitation. Expliqua-t-il d'un ton parfaitement calme alors que les deux autres adultes s'agitaient déjà autour du fourneau.
- Bureau ?  Proposa-t-il ensuite simplement en désignant une petite pièce un peu plus à l'écart.
Fenrir grogna en guise d'acquiescement et s'autorisa même à prendre les devants pour fuir les autres qui s'étaient mis à débattre de quelle taille devraient faire les pépites de chocolat. Jeremiah invita Remus à en faire de même avec un geste de la main et un sourire. Lorsqu'il furent tout trois entrés dans le grand bureau, il ferma la porte et ouvrit la fenêtre, remplaçant le bruit des cuisiner par la douce caresse de la nature environnante. Il invita ensuite ses invités à prendre place sur le fauteuil de leur choix alors qu'il prit place dans le sien.
- Je sais que tu n'aurais pas tout ces efforts si ce n'était pas horriblement important. Commença-t-il alors en allant directement au but. Alors ?  Qu'y a-t-il ?
- Je suis à la recherche d'un chasseur.  Il a attaqué une louve aux portes de Poudlard il y a quelques jours. Il venait de Jamaïque. Lâcha enfin Fenrir de façon concise mais visiblement soulagé de revenir à leurs affaires.
- Oui j'ai entendu parlé de ça.  Ils ont retrouvé deux cadavres. Et apparemment ce n'était pas très beau à voir. Commenta Jeremiah mais sans cacher son calme indifférent.
- L'un d'entre-eux s'est échappé. Le chef.  Je dois le retrouver. T'aurais pas entendu quelque chose à propos de lui ? Insista Fenrir avec impatience. Mais cela ne sembla pas affecter Jeremiah qui au contraire sembla prendre tout ce temps pour le toiser lui et son acolyte.
- Vous êtes en chasse. Constata-t-il enfin au bout de quelques secondes et pour la première fois un agacement discret teinta son sourire courtois.
La mâchoire de Fenrir se crispa mais il se garda de répondre et de soupirer. Il s'était attendu à rencontrer des difficultés mais le petit interlude "cookie" avait déjà bien entamé sa patience. Mais le temps lui avait apprit que s'énerver ne menait à rien avec Jeremiah et sa meute, bien au contraire. Il resta silencieux alors que leur hôte choisit de se tourner vers Remus.
- Il faut que je vous dise, c'est un honneur de vous rencontrer professeur. J'admire votre courage, votre culot et vos efforts qui vous ont permis d'enseigner dans une des plus grandes écoles de sorcellerie du monde. Quel dommage que vous ayez choisit de démissionner. Et bien que je suis heureux de voir que Fenrir face preuve d'un peu plus de respect et d'altruisme envers les siens, je dois avouer que ça m'attriste un peu de vous voir suivre sa voie. Confia-t-il en toute honnêteté sans s'inquiéter une seule seconde de la réaction de l'autre loup garou. Ce dernier resta de toute manière crispé sur sa chaise à fixer l'hôte d'un regard noir.

Il observait cette scène familial, la petite, le chocolat, la mère…Bien qu’il avait facilement compris qu’il ne s’agissait pas réellement de sa mère, elle en avait pourtant bel et bien le rôle et l’attitude. Il ne fallut pas plus de quelque minute pour que l’homme que Fenrir était venu voir fasse à son tour son entrée, ils se serrèrent la main et bien qu’il avait la sensation que cela était inutile, il se présenta à son tour :

« Remus Lupin, de même. C’est tout excusé »

Dit-il en souriant franchement cette fois, il était difficile pour lui de résister à l’ambiance familial qui régnait en ces lieux et bien qu’il aurait aimé participer au débat sur les pépites de chocolat, il fut rapidement rappelé à l’ordre et invité à rejoindre le bureau d’à côté. Il s’installa après Jeremiah, laissant les deux Alpha discuter alors qu’il se posait encore beaucoup trop de question sur les raisons de sa présence ici. Le rappel des faits, aussi résumé soit-il, lui pinça douloureusement le cœur. Il ignorait ce détail de l’histoire, les portes de Poudlard…Son fils…Son corps se crispa
Il sorti subitement de ses pensées lorsqu’on s’adressa directement à lui. D’abord mal à l’aise par les compliments, peu habitué à cela, il dut ensuite encaisser les dernières.

« Ma voie »

Insista-t-il malgré lui, à ses yeux le fait de se trouver en présence de Fenrir ne signifiait pas qu’il suivait la même voie que celui-ci et il tenait à le rappeler, à lui-même, à cet homme et à Greyback. Soutenant le regard de Jeremiah.

« C’est ma femme qui a été attaqué…Et mon fils qu’ils recherchaient… »

Il n’était pas certain de pouvoir supporter le jugement de cet homme bien longtemps et une part de lui espérait que l’évocation d’une famille lui permettrait de comprendre les raisons qui le poussait à faire ça.

Le visage de Jeremiah s'assombrit légèrement en entendant le professeur lui répondre. Mais avec autant de patience qu'à son habitude, il s'adossa dans son fauteuil et croisa les jambes et continua de fixer Remus de ses yeux noirs.
- Alors c'est a propos de vengeance. Et de violence. constata-il alors avec le même ton peu enthousiaste et encourageant.
- Je suis triste d'apprendre pour votre femme... et votre fils. Mais vous ne ferez pas de ce monde un meilleur monde pour eux à coups de crocs et de griffes. ajouta-t-il ensuite d'un ton sévère.

Fenrir finit par pousser le long soupir agacé qu'il avait retenu tout ce temps en levant les yeux au ciel. Cette conversation il avait dû l'avoir une multitude de fois avec lui et il n'avait pas le temps que les deux autres loups en fassent de même.
- Est-ce que t'as des infos, ou non ? Et si t'en as, est-ce que tu vas cracher le morceau, ou non ? Aussi simple que ça Jeremiah. Ne nous fais pas perdre notre temps. grogna-t-il sans pourtant bouger de sa chaise. L'hôte eu un petit rire narquois.
- Oh parce que ton temps est si précieux que tu en accordes à peine pour l'éducation de tes chiots. rétorqua-t-il d'un ton légèrement acide avant de tourner le regard vers Remus. Et on voit où ça vous mène lorsque tu t'y mets... marmonna-t-il plus pour lui que ses interlocuteurs.

Mais prenant conscience que cet échange ne les menaient à rien et gaspillait son propre temps, le brun se releva d'un bond agile et quitta son fauteuil pour aller tourner autour de son bureau.
- Vous voir ici et faisant si poliment preuve de patience avec moi m'indique que vous n'êtes pas vraiment dans le feu de l'action. Et le sang sur vos vêtements me font penser que j'arrive bien tard pour vous empêcher de prendre cette voie là. J'ai donc en face de moi, deux assassins de sang froid qui me demandent comment mettre la main sur leur prochaine proie. résuma-t-il avec une simplicité cruelle. Non merci. répondit-il ensuite. Ceci dit j'aimerais tout de même vous inviter à rester prendre un peu de thé et des cookies et de reconsidérer vos plans. ajouta-t-il avec politesse mais grande sincérité en appuyant son regard vers le professeur. Je pense personellement et sincèrement que un de plus, un de moins, sont une grande différence lorsqu'on parle de la vie de quelqu'un. commenta-t-il en espérant encore que ses mots trouvent leur chemin dans l'esprit de Remus Lupin.

- Et combien en as-tu tué toi hein ? Rien que ce mois-ci ? railla Fenrir en se relevant à son tour impatiemment.
- Légitime défense. rétorqua Jeremiah du tac au tac en dévoilant une canine dans un sourire mauvais. Rappelle-moi quand tu pourras en dire de même.

Son corps se crispa en entendant cette voix, c’était comme entendre sa conscience et sa culpabilité, la voir être personnifier et être, à l’instant, incapable de la faire taire comme il le faisait jusqu’à présent. Il resta soudainement muet, encaissant les critiques, les remarques et le jugement de l’inconnu. Ses yeux trouvèrent les tâches vermeilles sur sa chemise et il se souvint violemment qu’à des kilomètres d’ici, un homme se vidait encore de son sang ou était probablement mort dans l’indifférence la plus totale. Avait-il tort de faire ça ? Le doute s’insinuait doucement en lui alors qu’il commençait à se demander si tout ceci était nécessaire, une part de lui-même ne cessait de lui répéter que la violence n’entraînerait rien d’autres que la violence mais la bête grognait et murmurait qu’ils reviendraient, et qu’ils ne seraient toujours pas à là pour les défendre. Il se senti désemparé et faible, le poids sur ses épaules devenaient plus lourd alors qu’il se souvenait de la souffrance de Lise et de celle qu’il avait lu dans les yeux de son fils.

S’il n’était pas là pour les protéger, alors qui ?

Parce qu’il n’avait pas été là, plus d’un homme était mort, deux chasseurs mais surtout Maugrey, parce qu’il n’avait pas pris son existence véritablement en main, sa femme allait peut-être mourir et son fils le haïrait probablement toute sa vie comme lui avait eu tant de colère pour son propre père…Le rendant coupable de son état…
Il resta assis lorsque les deux hommes se levèrent et se toisèrent dans un combat de dominance à laquelle il ne participerait pas. Il resta là, finissant simplement par interrompre le combat de coq de sa voix fatiguée.

« Que vous nous donniez une information ou non, nous retrouverons cet homme… »

C’était une certitude, parce qu’il ne doutait pas de la capacité de Fenrir à tenir sa parole sur le sujet. Parce qu’il le savait, pour Greyback, c’était autrement plus important qu’une simple histoire de vengeance.

« Nous ne le tuerons pas… » et il se leva avant même que Fenrir ne vienne l’interrompre ou réagir sur cette déclaration. « Je veux m’assurer que ma famille soit en sécurité…Et attendre ne leur laissera que plus de temps pour s’en prendre à d’autres… »

Les deux loups tournèrent leur regard vers Remus lorsque celui-ci annonça qu'ils ne tueraient pas leur proie. Fenrir avec une pointe de colère et d'incompréhension mais Jeremiah avec une certain curiosité et un intérêt renouvelé. Le ton qui ne laissait pas place à redire les surprit tous les deux légèrement mais aucun ne l'interrompirent. Sentant qu'une nouvelle personne ne semblait pas prendre le chemin qu'il aurait souhaité, Fenrir se crispa d'avantage en pinçant les lèvres un peu plus, laissant soin à Jeremiah de réagir.

Celui-ci se retourna calmement vers le professeur avec un petit sourire compatissant et presque reconnaissant mais aussi légèrement navré.
- Je comprends. Mais si vous voulez assurer la sécurité de votre famille alors retournez auprès d'eux. répondit-il mais il eu rapidement un soupir de défaite avant de s'éloigner de la porte pour rejoindre son bureau à nouveau.
- Si je vous dit ce que je sais... Vous serez sur leur terrain, et ça ne sera sûrement pas de la légitime défense. Je ne peux pas garantir votre sécurité. Et cela ne fera qu'empirer les choses... marmonna-t-il a contre cœur, mais il n'était déjà plus en train d'essayer de les convaincre.
- Mais j'espère... et j'ai la conviction que vous saurez agir avec sagesse. Je ne peux vous blâmer de parler de famille. Mais songez bien au monde que vous leur laissez et aux choix que vous ferez. Nous savons tous comment marche la vengeance. Il eu un nouveau regard déçu pour les tâches de sang sur leur vêtements. Cela n'engendre que plus de haine... soupira-t-il.

Il ferma les yeux mais avant que l'un de ses invités ne veuille le presser, il ouvrit un tiroir et en sortit un parchemin. Récupérant sa petite baguette noire laquée et rigide, il la posa dessus pour y faire apparaitre l'encre qui dessina une carte du Royaume-Uni.
- Là. indiqua-t-il en pointant un point sur la carte attirant plus d'encre que les autres. York. précisa-t-il en laissant les deux autres loups s'approcher pour constater la couleur noire traçant la ville au nord de l'Angleterre.
- Des chasseurs de tout le Royaume-Uni et un peu d'Europe ont commencé à se réunir depuis quelque semaines. Je n'ai rien entendu à propos d'un Jamaicain mais si lui en a entendu parlé, il y sera peut-être.
- Pourquoi ils se réunissent ? demanda Fenrir d'un air soucieux. Lui n'avait pas l'intention de faire preuve de prudence ou de miséricorde mais il n'avait pas prévu non plus d'aller à l'encontre d'une grande réunion de chasseurs.
- Les Ecossais, probablement. Eux aussi bougent pas mal. Ils chassent. Et je crois même qu'ils ont quitté l'Ecosse. commenta-t-il d'un ton agacé. Soit ça ou alors je verrais bientôt toutes ces jolies gouttes d'encre migrer dans la direction de ma maison et je serais obligé... de faire preuve... de légitime défense. Beaucoup, de légitime défense. ajouta-t-il avec un sourire crispé. J'ai entendu qu'il y avait un peu de grabuge du côté des vampires. Et je ne sais jamais où en sont les sirènes... Enfin de toute manière ça ne dit rien qui vaille et plus vous serez loin de York, mieux vous vous porterez, je dirais... ajouta-t-il ensuite en croisant les bras et en soufflant. Et je le dirais encore une fois. Ce n'est pas une bonne idée.

Mâchoire serrée, il encaissait encore, il n’était guère chez lui et il n’était pas idiot. Ce n’était pas leur territoire et la maison était plein de trois autres membres qui n’hésiteraient pas à venir en aide à leur Alpha. Mais il se sentait gronder intérieurement, ayant la mauvaise impression que tous attendait quelque chose de différent chez lui. Pourtant, il finit par obtenir ce pourquoi Fenrir les avait amener ici, une information. Il suivit Jeremiah pour observer cette carte et écouta les explications de celui-ci. Remus s’était tant enfermé dans sa propre vie, préférant tout renier de cette autre nature de lui-même, qu’il apprenait tout juste l’existence de la meute de Jeremiah et voilà qu’on lui parlait d’une meute venant d’Ecosse et qui, à en croire les paroles, faisait parler d’eux.

« Les écossais ? »

Demanda-t-il, se sentant légèrement idiot à poser la question mais si c’était bien à cause de cette meute que les chasseurs se réunissaient, il lui semblait important de connaître cette partie de l’histoire. Il regarda Fenrir une seconde, essayant de sonder son visage pour y voir ce que celui-ci pensait de tout ceci mais il finit par reposer ses yeux sur Jeremiah.

« Légitime défense… » Répéta-t-il simplement… « Que fait le ministère contre eux ? » Parce qu’il n’était pas sans savoir que ce que faisaient les chasseurs étaient loin d’être légale.

- Pas une bonne compagnie. répondit simplement Jeremiah lorsque le professeur l'interrogea à propos du gang de motard.
- Ils ont enfin décidé de prendre les choses en main... commenta Fenrir mais lui semblait plutôt satisfait de ce qu'il apprenait.

Mais ce n'était cette meute qui les intéressait mais bien un seul chasseur dans tout ce chaos qui semblait se dérouler dans la plus grande discrétion. L'Alpha ne su si tout ce bourbier les aiderait ou non dans leur traque. Au lieu de chercher l'aiguille dans la botte de foin, cette fois ils devraient peut-être la chercher dans un tas d'aiguille. Cela valait-il le coup ? C'était bien la première fois que Fenrir se posait la question mais le rabâchage de Jeremiah et cette carte assombrit qu'il leur présentait avait un peu érodé son assurance.
Remus, lui, sembla interpelé par le jargon judiciaire du loup, chose que Fenrir avait toujours eu en horreur. Leur hôte releva la tête, interpellé. Il eu un petit sourire pincé qui n'exprimait autant de joie que d'agacement.

- Que fait le ministère contre les gens comme ce cher Lord Voldemort ? rétorqua-t-il sans s'empêcher de lancer un petit regard à l'ancien Mangemort. Mais chercher la petite bête dans ses conversations semblait surtout être un réflexe pour Jeremiah qu'un moyen d'éluder la question et comme toujours, après un bref soupire, il se retourna vers Remus pour lui répondre.
- Les aurors font ce qu'ils peuvent, lorsqu'on leur laisse faire leur travail. Un meurtre reste un crime, après tout. Et vous ? Avez-vous même prit la peine de les contacter ou de formuler une plainte avant de courir dans les pattes de votre Alpha, assoiffé de vengeance ? commenta-t-il d'un ton plus que sévère. Ou peut-être redoutiez-vous qu'on se penche ensuite sur le cas de votre femme ? Ou votre propre cas ? ajouta-t-il le regard brillant retrouvant son chemin vers les tâches de sang. Il se retourna ensuite vers la carte et pointa furieusement vers l’aggloméra d'encre.

- Ça, ce sont des gens qui piétinent les lois et les règles. Des animaux. Et voilà ce qu'il se passe lorsque des gens comme eux "prennent les choses en main". Mort, chaos, anarchie. Vous voulez en faire partie ? Alors ne vous plaignez pas lorsqu'ils viendront frapper à vos portes avec des piques et des fourches.
- C'est déjà fait ! Et tu veux qu'on reste là les bras croisés ?!
- Oh ! Ton excuse va être "c'est eux qui ont commencé", maintenant ?! Tu te portes garant de quelle génération ? Tu n'as aucune idée de comment tout ça à commencé et tu te fiche bien de comment tout ça se finira ! Tout ce que tu sais faire c'est te comporter comme un sauv-
Mais Fenrir ne le laissa pas finir sa phrase, l'agrippant soudainement à la gorge. Jeremiah ne se laissa pas faire une seule fraction de seconde, se jetant sur le lycan massif avec violence et agilité, ils retombèrent lourdement sur le bureau et la porte s'ouvrit, laissant filer une ombre. Avant même de songer à se relever, Fenrir faisait face à deux paires d'yeux assassins et Remus se trouvait séparé de la lutte, faisant face à la jeune femme rousse, les mains sur les hanches.
Un calme pesant retomba alors que les loups se toisèrent mutuellement pendant plusieurs seconde avant que la jeune Ophelia rentre à son tour dans le bureau avec une assiette de cookie, mâchant déjà le sien nonchalamant.
- Qui n'en veut un ? Ch'on tout chaud. proposa-t-elle, aucunement intimidée par la situation.

A en juger par les réponses des deux protagonistes, le clan écossais n’allait probablement pas lui plaire s’il devait les rencontrer. Il ignorait encore si Greyback souhaiterait aller jusque-là mais pour l’heure, cela semblait être la seule solution. Foncer tête baisser dans un nid de chasseur relevait du suicide.
Il avait posé une simple question et en une seconde, elle se retourna contre lui. Il ignorait pourquoi mais Jeremiah semblait prendre un certain plaisir à piquer là où ça faisait mal, titillant un peu plus son humanité mais éveillant avec la bête qui ne voulait pas se retrouver une nouvelle fois en cage. Sa mâchoire se crispait sous ses paroles alors qu’il ne pouvait chasser l’image de l’homme, éventrer, dans la maison de son enfance.

Faisait-il réellement le bon choix ?
Au fond de lui, il savait que non, mais les alternatives ne semblaient pourtant pas plus réjouissantes, Il avait passé une majeure de son existence à ne pas vouloir faire de vague et cela ne l’avait amener qu’à être plus seul encore, sa femme avait décidé de partir loin parce qu’elle ne l’avait pas cru capable de les protéger, et au fond…N’avait-elle pas raison ?

Se perdant dans ses propres réflexion, il ne senti pas la tension et vit que trop tard que la situation allait dégénérer, il s’apprêtait à les séparer mais une furie à la chevelure flamboyante se trouvait déjà sur les lieux avant même qu’il n’est pu esquisser le moindre mouvement. L’atmosphère était pesante même lorsque la petite fille de tout à l’heure entra à son tour dans le bureau, proposant des cookies comme si la situation était parfaitement normale à ses yeux. Il fixa l’enfant, esquissant un sourire au bout d’une seconde et s’approcha pour prendre un cookies dont il en croqua directement un morceau.

Etait-ce son empathie naturelle ou l’appelle du chocolat, l’un ou l’autre, retrouver la chaleur de cette patisserie calma légèrement ses nerfs mit à rude épreuve.

« Délichieux »

Fini-t-il par lui répondre en se tournant vers le reste des personnes présentes alors qu’il avalait sa première bouchée.

« On ne va pas profiter plus longtemps de votre hospitalité » Conclu-t-il, il ignorait ce qu’en pensait Fenrir, mais lui avait un besoin pressant de retrouver l’extérieur.

- Hm. répondit simplement la petite fille en croquant dans son propre cookie tout chaud.

La tension et l'odeur du chocolat laissait un mélange étrange dans l'air qui flotta quelques secondes avant que Remus décide finalement qu'il valait mieux pour eux de partir. Jeremiah eu un petit rictus amusé. Il fut le premier a se redresser, répendant une vague apparente dans le reste de sa meute qui se détendirent à leur tour. Il tendit la main à Fenrir pour l'aider à se relever et après un bref regard assassin, celui-ci finit tout de même par la prendre et se remettre debout. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'embrouillaient ainsi et d'ailleurs, cela semblait être le cas à presque à chaque fois.

- Merci pour l'info. grogna Fenrir d'un air grognon mais aussi quelque peu narguant, comme pour rappeler à Jeremiah que malgré ses grandes paroles, il avait quand même fini par lui donner ce qu'ils voulaient. L'autre Alpha eu un rictus agacé mais il le chassa par un sourire courtois.
- Prenez autant de cookie que vous voulez. se contenta-t-il de dire en guise de salutation.

Fenrir renifla en tournant les talons. Il n'eut pas l'intention de prendre un gâteau mais en passant près d'Ophelia il la sentit se crisper en serrant son assiette en le fusillant d'un petit regard assassin. Juste pour l'embeter, il prit un cookie et le mit agressivement dans sa bouche avant de sortir.


Il poussa un profond soupir en se retrouvant enfin a l'extérieur. L'air frais lui apporta un peu plus de came et de clarté après cette conversation avec Jeremiah qui était particulièrement doué pour retourner les cerveaux. Il avait besoin de se retrouver.
Jouer la confrontation était presque un réflèxe pour lui mais maintenant qu'il remettait de l'ordre dans ses idées il se rendait compte malheureusement que les paroles de Jeremiah en faisaient maintenant partie. Un tel rassemblement de chasseurs. Cela ne lui faisait pas peur mais le fait qu'il ne s'attendait pas à devoir faire face à cela ébranlait légèrement son assurance. S'ils se lançaient là dedans, ce ne serait pas pour faire face à un seul homme mais toute une communauté. Il se retourna vers Remus en réfléchissant.
La réaction de Jeremiah et de sa meute montrait bien qu'ils étaient seuls dans cette histoire et encore, il n'était même pas sûr que Remus soit encore avec lui. C'était peut-être mieux, ainsi il n'aurait pas à s'inquiéter pour lui, mais sortir Remus de sa zone de comfort et de docilité était tout aussi important que sa sécrité. Il ne su pas quoi penser, quoi décider.