Jeu 17 Mar - 18:13 (Δ)
Heureusement pour tout le monde, les mots et le regard plein de menace de l’Irlandais suffirent à dissuader quiconque ayant l’intention de suivre le jeune Evan Rosier. Lui meme n’observa pas où celui-ci s’en alla. Il n'était même pas sur des intentions qui le poussaient à vouloir qu’il s’en aille. Tout ce qu’il pouvait sentir était qu’il détestait l’idée de voir quelqu’un comme Evan Rosier être poursuivi et de le voir fuir comme un moins que rien. Il n’était pas sûr de vouloir lui accorder la liberté ou même un sursit, juste un départ digne.
Elliot apporta sa propre conclusion amère à la situation sans pourtant complètement se transformer en gamin capricieux. Saïd en fut soulagé et se rendit compte qu’il avait tout simplement envie que cela se termine, qu’il puisse rentrer tranquillement chez lui et oublier tout ça.
Mais quelqu’un n’est pas prête à le laisser faire ça ou à disparaître dignement comme Evan Rosier. Lise, libérée du sortilège entravant se retourna une nouvelle fois vers Saïd. Sa voix eu l’effet d’une décharge électrique qui chassa le peu de calme qu’il avait pu retrouver. Lise ne s’en était peut être pas rendu compte mais si Zoya ne l’avait pas frappée avant lui, Saïd en aurait fait de même voir pire. Ce ne fut que le nom qu’elle prononça, ce surnom qu’il avait depuis son plus jeune âge imposé à ceux qu’ils rencontrait comme signe de respect envers lui, qui le calma juste assez pour qu’il ne se jette pas tout de suite sur elle.
Il l’écouta sans vraiment l’écouter comme il savait si bien le faire lorsqu’il était en colère ou que ce qu’on lui racontait ne l’intéressait pas et la fusilla du regard. Ne pouvait-elle pas disparaître comme elle savait si bien le faire ? Heureusement pour elle se fut rapidement le cas.
Il ne s’attendit cependant pas à ce que Zoya en fasse de même en emportant les enfants, laissant l’Irlandais soudainement complètement seul dans cet appartement qu’il ne connaissait pas.
Le calme, le silence et la solitude aurait dû l’aider à se calmer mais au lieu de ça il put sentir la colère montrer en lui comme une puissante éruption. Sans raison, sans explication, la rage était pourtant bien là et explosa sous la forme d’un cri violent. Sans tarder le sorcier se mit à renverser les meubles et les briser contre le mur le plus proche. Il détruisit violemment tout ce qu’il pouvait trouver mais cela ne sembla pas le défouler plus que cela. Lorsque tous les meubles furent reversés et en pièces il les piétinas et shoota dedans comme un fou enragé.
La vue de ce tas de débris ne tarda pas à lui donner envie d’y foutre le feu et il failli le faire lorsque soudain la colère sembla se tarir et le laisser doucement désillusionné. Il observa ses avant-bras dorés entourés de flammes magiques et se rendit compte très lentement à quel point il était ridicule. Pourquoi devait-il toujours tout cramer ?
Sur cette simple pensées il laissa tomber ses bras le long de son corps et fit disparaître les flammes. Devant le tas de bois brisé, il ne se sentit pas plus tenté ou même satisfait de sa destruction. Il savait que ça ne menait à rien et pire encore, il savait que tout cela n’était qu’un moyen de fuir le vrai problème.
Quel était le vrai problème ? Même cela Saïd avait du mal à le cerner. Beaucoup de chose le contrariait, beaucoup trop pour qu’il parvienne à faire la part des choses.
Pas plus avancé qu’avant, il finit par suivre l’envie qui l’avait titillée plus tôt : rentrer tranquillement chez lui. Pour ce qui était d’oublier tout ça ? Il y réfléchirait plus tard.
Dans un flash blanc, le sorcier disparu et réapparu sans un son chez eux. Le son de leur partie laissée en plan tournait encore et en poussant un soupir il alla éteindre la console. Le silence lui confirma qu’il était seul. Elle avait sûrement ramené les deux garçons à Poudlard et même s’il pensait que cette idée aurait dû le soulagé il ne s’en sentit pas satisfait. Comme si avoir Elliot et son camarade aurait pu l’aider à rester concentrer et comprendre un peu lieux ce qui venait de se passer. Mais c’était mieux ainsi. Poudlard était plus sûr pour eux, bien plus sûr que n’importe quel lieu où se trouvait Saïd Wilkes.
Poussant un nouveau soupir, il se dirigea vers la cuisine pour se prendre une bière. Il entendit le son caractéristique du transplanage de Zoya et en profita pour sortir une deuxième bouteille du frais.
Il ne lui dit rien, ni même ne la questionna sur ce qu’elle avait pu faire pendant que lui détruisait stupidement l’autre appartement. Le silence n’était pas vraiment dans son habitude mais cette fois-ci il ne savait vraiment pas du tout quoi dire. Son cerveau était si embrouillé qu’il avait l'étrange impression qu’il était limpide. Le silence, la bière fraîche dans sa main et Zoya. Si seulement la vie pouvait être aussi simple.
Mais il savait qu’elle ne l'était pas et qu’il y avait beaucoup de chose qui se passaient qu’il avait du mal a comprendre. Mais s’il y avait bien une experte dans les situations foireuses, c'était bien Zoya Horlov et elle même si elle pouvait parfois être un peu perdue ou dépassée, elle était sure d’avoir toujours quelque chose a dire. Attendant sa réaction et son avis avec curiosité et appréhension, il s’approcha d’elle et lui tendit simplement sa bière.
- AMORTENTIAZoya Horlov
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Jeu 17 Mar - 18:48 (Δ)
Retrouver la chaleur de leur appartement ne l’a calma pas pour autant. Elliot était à nouveau à Poudlard mais malgré ça, elle n’était pas certaine que le célèbre château serait capable de protéger son fils. La frustration s’ajouta à tout le bordel qui rongeait déjà bien son cerveau, se rendant compte qu’elle serait juste incapable de le garder en sécurité. Son regard se posa sur Saïd alors qu’il se trouvait dans la cuisine, elle s’avança de quelques pas, lui-même la rejoignait lui tendant une bouteille fraiche. Elle l’a pris, observant durant quelques secondes la condensation qui se concentrait sur le verre. C’était un tel bordel dans sa tête et ses sentiments qu’elle ne savait absolument pas comment réagir ni même si elle devait réagir. Relevant les yeux sur Saïd, elle hésita une seconde à remettre sur le tapis la possibilité de contacter son frère mais elle redoutait la réaction de celui-ci tout comme elle redoutait son sentiment de total incapacité à protéger son propre fils. Et comme toujours lorsque quelque chose de beaucoup plus grave et sérieux méritaient d’être discuté, elle préféra se tourna sur la chose la plus inutile et insignifiante possible.
« Sam… »
Dit-elle d’un air dédaigneux alors qu’elle contournait Saïd pour s’approcher de la table de cuisine, coinçant le bord de la capsule contre la table, elle donna un coup sec et bien calculé. Le bout de métal s’envola, atterrissant au milieu de la table alors que Zoya engloutissait une bonne moitié de la bière en quelque gorgée.
« Vous vous êtes revu après ton réveil »
Devina-t-elle tout simplement. L’ancienne serdaigle s’était toujours montrer particulièrement soupçonneuse avec Lise, même si elle n’avait jamais eu la preuve de quoi que ce soit à l’époque de Poudlard, il y avait déjà quelque chose lorsqu’ils étaient que des adolescents et aujourd’hui, la façon dont elle s’était adresser à Saïd laissait clairement entendre que les adultes s’étaient probablement revue. Elle n’était même pas surprise de revoir Saïd.
Zoya se dirigea vers la baie vitrée du salon, observant simplement la vue extérieur quelques secondes avant que son regard ne se porte sur le reflet de l’ancien serpentard. Guettant simplement les réactions de celui-ci, elle se savait jalousie, possessive et particulièrement puérile en cette instant mais cela n’avait pas d’importance si ça lui permettait de cacher ses véritables sentiments d’incertitude.
« Combien de temps ? » Finissant par se retourner pour lui faire face et le regarder dans les yeux « t’a tenu combien de temps avant d’aller la retrouver… » se faisant clairement des films, cela n’avait clairement pas d’importance. Saïd avait eu le temps d’exploser dans cet appartement, là où Zoya n’avait pas eu cette chance. La bouteille à moitié qu’elle tenait entre les mains se dirigeait maintenant violemment en direction du Wilkes lorsqu’il tenta de s’approcher d’elle.
simplement sa bière.
Jeu 17 Mar - 23:37 (Δ)
Il s'attendait à plusieurs chose de sa part. De la colère par rapport à ce qui s'était passé, de l'inquiétude, un plan farfelu et dangereux qui selon elle règlerait tout les problèmes, mais pas des reproches. Il ne comprit même pas tout de suite à quoi elle faisait référence même si son visage exprimait clairement ses pensées.
Ce surnom qui aurait valu une preuve d'une certaine soumission aux attentes de Saïd dans la bouche des autre prenait une tournure étrangement insultante dans celle de Zoya. Si une personne avait l'entière autorisation d'user de son vrai nom et de le crier jusqu'au bout de la nuit c'était bien elle. Méfiant et quelque peu vexé, Saïd l'observa tout en tentant de comprendre exactement à quoi rimait ce nouveau petit jeu.
Sa deuxième phrase le guida sur le sujet de la petite colère de la brune. Lise Parker. Saïd eu un petit rictus de mécontentement en se souvenant d'elle et de la façon dont elle avait débarqué sans explication pour déblatérer ses âneries. Comme si cela la concernait. Même s'il n'avait pas vraiment eu l'occasion de le montrer, l'Egyptien avait été tout aussi heureux de la voir s’immiscer sans gêne dans leurs histoires de famille que Zoya. Songer à ce qu'il aurait pu lui faire si l'ex-auror n'avait pas réagit avant lui lui assécha la gorge et il prit une nouvelle gorgée de bière fraiche. Il avait assez détruit de meubles pour aujourd'hui.
Il ne lui répondit pas car de toute manière elle ne lui avait pas posé de question. Il n'acquiesça même pas. Apparemment c'était évident même s'il ne voyait pas en quoi c'était digne d'être relevé. De leur dernière rencontre l'Irlandais en gardait un souvenir vague mais douloureux et désagréable. Elle était la dernière personne qu'il avait vu avant qu'Ali ne l'emporte à Héliopolis. Elle était aussi celle qui avait sauvé Elliot des poings de son propre père fou de violence. Tant de souvenir dont il préférait ne pas se souvenir et surtout pas partager avec Zoya. Il bu une nouvelle fois dans sa bière qui commençait à se faire vide.
Sa propre colère contre la lycanthrope et ses souvenirs lui masqua d'abord les réels sentiments de Zoya. Il était difficile de se projeter les mêmes films qu'elle lorsqu'on connaissait la vérité. Mais le reproche et la jalousie qui brillait dans son regard alors qu'elle se retourna vers lui en lui posant enfin une question étaient clairs et limpides.
- Quoi ? répondit Saïd avec un petit sourire troublé alors que son esprit effleurait à peine l'idée de ce qu'elle sous-entendait.
Mais avant que tout soit vraiment clair une bouteille à moitié vite vola à vive allure dans sa direction. L'évitant de justesse en se baissant, il entendit le verre se briser sur le mur derrière lui.
Si les accusations de Zoya aurait put le faire éclater de rire, sa petite attaque mesquine et inexpliquée fut moins la bienvenue. Sentant malgré lui la colère monter en lui, Saïd la fusilla du regard. Il avait sa propre bouteille dans la main mais plutôt que de la lancer à son tour, il la brisa sur le sol dans un élan de rage. S'approchant en quelques pas rapide de la brune il balaya tous les coups potentiels pour venir lui écraser les joues de d'une poigne de fer.
- C'est vraiment ce que tu veux faire là maintenant ?! Me faire la guéguerre ? T'as oublié qu'on est sensé être du même camp ! s'énerva-t-il.
Ce qu'il disait n'était pas incroyablement surprenant mais il y avait quelque chose d'étonnant de voir l'Irlandais exprimer sa colère par des mots plutôt que des coups alors que Zoya elle ne semblait pas être sur cette pente.
- Tu veux savoir quoi, hein ? Si je l'ai tringlé ?! Tout ce dont je me soucie c'est de toi et Elliot ! J'en ai rien à foutre de cette meuf ! J'en ai rien à foutre des Horcruxes ! J'en ai rien à foutre de Evan Rosier ! se mit-il a hurler, ne cachant pas l'écho de désespoir qu'il y avait dans sa voix. Pourquoi ?! Pourquoi il faut toujours que tu foutes le bordel ?! Putain ! finit-il à bout.
Il était prêt à la balancer contre les murs comme il l'avait fait avec de vulgaires meubles mais il finit par la repousser avec le plus de retenue dont il pouvait faire preuve sur le moment mais assez fort pour la faire tituber. Incapable de bien contenir sa colère il se retourna pour ne pas avoir à subir son expression de constipée.
- Tu me fais chier. J'me casse. ajouta-t-il en se dirigeant simplement vers la porte dans l'intention de trouver le premier bar où il pourrait trouver quelque chose de plus fort et échapper à la compagnie de Zoya Horlov.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Ven 18 Mar - 0:39 (Δ)
A quoi s’attendait-elle comme réaction ? Elle-même l’ignorait à vrai dire, elle ne savait pas trop si elle voulait le mettre en colère ou si elle voulait qu’elle lui assure qu’il n’y avait absolument rien entre eux. Dans son imagination, elle avait plutôt vu un Saïd se mettre à éclater de rire et ouvertement se foutre de sa gueule en balayant d’un geste obscène la jalousie de l’ancienne Auror. Elle tenta de lui échapper alors qu’une partie d’elle ne voulait pas vraiment fuir. Se retrouvant, le visage déformée par sa poigne, elle secoua légèrement la tête. Il aurait été facile de le frapper mais elle voulait entendre ce qu’il avait à lui à présent. Et elle ne fut pas déçue. En quelques mots il balaya cette stupide jalousie, en quelques mots, il ouvrit la porte à tous les sentiments qui la noyait et en quelques mots, il la fit sentir si misérable qu’elle ne répondit rien.
Pourquoi fallait-elle foutes la merde à chaque fois ? Parce que c’était plus facile, parce que c’était toujours ainsi qu’elle fonctionnait. La violence, elle savait gérer, ses sentiments et ses craintes c’étaient une tout autre histoire. Il la lâcha, lui annonçant déjà qu’il se cassait alors qu’elle l’observait s’éloigner de lui. Elle avait connu bien des douleurs dans son existence, du sortilège doloris à cette immonde chose qui l’avait rongé de l’intérieur mais rien, absolument rien n’égalait la vive souffrance qui la paralysa en le voyant s’éloigner.
« Ne me laisse pas… » sa voix se brisa soudainement, et jusqu’à présent, Zoya avait toujours pris soin de ne pas craquer devant lui, de garder tout cela pour elle mais ce soir-là, c’était beaucoup trop difficile de jouer les femmes fortes. Son corps tremblaient plus qu’elle ne l’aurait souhaité alors que sa gorge se nouait douloureuse « tu me l’as promis » ajoutait-elle, ayant à présent des difficultés à articuler ses mots tant elle mettait d’effort à ne pas fondre en larme soudainement. Elle baissa la tête, observant ses pieds sans vraiment les regarder. Ses yeux se brouillèrent alors que ses jambes tremblante semblait avoir de plus en plus de mal à supporter le poids de son corps et de ses responsabilités. Et bien qu’elle aurait souhaité pouvoir se réfugier dans ses bras, elle n’osa aucun mouvement, persuadé qu’elle se briserait au moindre pas.
« Il aurait pu mourir… » Constatait-elle en guise de résumé de cette putain de soirée infernale, il aurait pu mourir et plus triste dans tout cela, ce n’était absolument pas grâce à elle ou à Saïd si leur fils étaient encore en vie. Alors qu’elle fixait un point sur le sol, elle vit les gouttes d’eau salé s’exploser au bout de ses pieds, se rendant compte qu’elle n’avait même plus la force de retenir ses larmes. Elle ne supportait pas de pleurer, encore moins devant lui, essuyant d’un revers de la manche ses larmes, elle tenta de les ravaler sans en être capable, retrouvant dans la colère qu’elle se portait à elle-même la force qui lui fallait pour se mouvoir à nouveau, c’est dans le canapé du salon qu’elle laissa son corps retomber simplement. Elle était à nouveau dos à Saïd alors qu’elle ramenait ses genoux contre elle, posant sa tête dessus.
« On est incapable de le protéger » se rendant compte de cette évidence flagrante à ses yeux, se rendant compte qu’elle était prête à abandonner son fils si ça pouvait le protéger en même temps qu’elle se rendait compte à quel point cela lui serait impossible. Déchirer, partager, ses forces la quittèrent laissant toute la place au sanglot de traverser la barrière de ses lèvres alors qu’elle cachait son visage en posant son front contre ses genoux. Démunie, voilà comment elle se sentait, complètement démunie. Craquant complètement sous la pression, le désespoir s’emparait lentement de la jeune femme.
Sam 19 Mar - 21:30 (Δ)
La voix de Zoya le stoppa net sur place. Quelque chose en lui hurlait de se retourner et de mettre une grosse gifle dans la tête de cette brunette pathétique et c'était bien pour cela que Saïd avait inconsciemment ressentit le besoin de s'éloigner et de noyer sa frustration dans l'alcool. La colère, la frustration, elles lui avaient donné envie de partir et maintenant de revenir la frapper mais quelque chose d'autre l'obligeait à rester figé. Ne pas partir, ne pas lui faire de mal alors que tout en lui souhaitait autrement.
Il ferma les yeux et souffla doucement dans l'espoir de pouvoir se calmer mais c'était si dur. Il pouvait sentir la rage se déverser en lui et pourtant s'interdire d'y réagir. Il serra les poings, les dents, les paupières, se concentrant simplement sur le fait de ne rien faire. Ne pas partir, ne pas exploser, ne pas bouger.
Mais la moindre once de calme qu'il parvenait à retrouver et qui lui permettait d'écouter Zoya ne faisait que le troubler plus encore. Comme si à travers ses mots, elle mélangeait en lui sa propre colère, son propre désespoir et sa tristesse.
Il pouvait sentir sa poitrine s'alourdir et sa gorge se serrer de secondes en secondes et au lieu de souffler il tenta cette fois de retenir sa respiration comme pour retenir les émotions qui le broyaient à son tour. Si frustré, si démuni. Envers Zoya, envers Elliot, envers Evan, envers Lise et envers ses propres désirs et pulsions. Si depuis qu'il avait retrouvé sa magie Saïd avait retrouvé sa force, il ne se sentait pas pour autant plus puissant. Incapable de comprendre ce qu'il se passait autour de lui, ce qu'il était sensé faire, ce qu'il devait faire, ce qu'il voulait faire ou même ce qu'il faisait, il se sentait comme il était en ce moment même. Une boule de violence, d'émotion et de rage incapable de bouger, sans direction, sans but. Figé, emprisonné, paralysé par la peur, l'amour et l'incompréhension.
Doucement, fatigué de se retenir, Saïd se décrispa lentement pour se laisser descendre au sol. Il s'assit et s'adossa au dos du canapé où Zoya s'était recroquevillée. Il sentait encore la rage parcourir ses veines à chaque battement de son cœur mais la lassitude avait prit possession de ses muscles. Rouvrant les yeux, son regard jaune se perdit sur les murs de cette maison qui était la leur. Tout cela n'était qu'une illusion, l'illusion d'une vie bien rangée, l'illusion d'une famille, l'illusion d'avoir quitté leur vie chaotique de merde pour quelque chose de mieux et de plus sain. Mais rien n'avait changé, guerre ou pas, adulte ou ado, mangemort ou père. Ils étaient toujours les mêmes et ce monde de merde était toujours peuplé des mêmes connards.
- Protéger... fit écho Saïd, mais parce qu'il se rendait compte qu'il n'avait jamais vraiment comprit ce mot.
Saïd n'avait jamais eu à protéger qui que ce soit. Depuis toujours il n'y avait eu que lui qui comptait dans sa vie. Zoya s'y était ajoutée mais il ne l'avait jamais vue comme quelque chose lui appartenant ou étant sa responsabilité. Il l'avait peut-être couverte à plusieurs reprise pendant la guerre mais il l'avait fait sans réfléchir, sans prévoir et par amour. Il avait plus l'impression de l'avoir préservée pour qu'elle reste à ses côtés en cachant son secret et en lui évitant la mort lorsqu'elle fut démasquée. Mais protéger c'était la première fois qu'il avait l'impression de devoir le faire, et il n'avait aucune idée de comment le faire.
- Zoya... appela-t-il sans même vraiment savoir ce qu'il avait l'intention de dire.
Il se sentait plus faible et démuni que jamais, idiot et inutile. Il pouvait encore sentir la colère et la frustration battre en lui mais elles lui faisaient penser à la colère d'un petit enfant cognant de ses petits poings une porte en pleurant. Était-ce ce qu'il était.
- Est-ce que... Est-ce que tu aurais été plus heureuse avec un autre ? demanda-t-il alors en faisant inconsciemment le lien avec les accusations de Zoya. Quelqu'un... Quelqu'un de moins chiant, qui aurait fait la guerre dans le même camp, qui... aurait fait de meilleurs choix. Un meilleur père.
Saïd ne savait même plus s'il lui posait une question ou s'il réfléchissait à haute voix ou même s'il faisait là une confession par rapport à lui-même. Il n'avait pas l'impression d'avoir des regrets mais il se rendait compte que ces choix auraient pu le mener sur un chemin bien différent aujourd'hui s'ils avaient été différents à l'époque. Mais il se connaissait et il savait qu'il était bien trop bête et impulsif pour ne serait-ce même songer à faire "le bon choix". Il était qui il était et il n'était pas du genre à changer. Mais Zoya ?
Si leurs chemins ne s'étaient pas croisé et que la vie avait mit un autre homme sur sa route ? Quelqu'un d'un tant soit peu plus malin, plus prudent, plus réfléchi. Où aurait-elle fini aujourd'hui ? Aurait-elle eu la vie qu'elle voulait avec son fils à l'abri dans ses bras avec un mari aimant et protecteur. Mènerait-elle une vie tranquille, loin des cauchemars de la guerre, des méchants mangemorts et Evan Rosier ? Saïd ne savait pas s'il aimait le penser.
Il voulait qu'elle arrête de chialer, il voulait voir sa tête de constipée disparaitre à jamais de son visage, il voulait qu'elle soit la plus niaise et plus heureuse des mamans. Mais il la voulait aussi pour lui et il savait que jamais elle n'aurait tout ça en restant avec lui. Ne pas partir, ne pas lui faire de mal, cette situation était autant contradictoire que leur relation et leur vie. Il n'y avait simplement pas de solution.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Sam 19 Mar - 22:42 (Δ)
Sur son canapé, Saïd dans son dos, elle pouvait sentir sa présence et au fond, c’était tout ce qui comptait. Peu importait qu’il la prenne dans ses bras, la réconforte ou lui dise des niaiseries romantique pour la calmer, tout ce qu’elle voulait, c’est qu’il soit là…Leur relation était un véritable cauchemar ambulant, un truc incompréhensible que personne n’envierait. Quelque chose les avait toujours lié l’un à l’autre, que ça soit leur rage constante ou le fait qu’au fond, ils pouvaient toujours compter l’un sur l’autre. Zoya avait toujours été incapable d’expliquer le pourquoi du comment et au fond, elle se fichait bien de comprendre justement. C’était une évidence, et puis c’est tout. Cela n’avait pas besoin d’explication selon elle, tout ce dont elle était certaine, c’est qu’elle l’aimait et il n’y avait rien d’autre qui comptait que cette simple réponse. Alors, lorsqu’il lui demanda si elle était heureuse avec lui, si elle aurait pas été mieux avec quelqu’un dans le même camps qu’elle, qui aurait fait de meilleur choix, elle releva les yeux et la réponse à cette question lui semblait tellement évidente qu’elle sortit de sa bouche en un éclair.
« Non… »
Non, elle n’aurait pas été plus heureuse. Elle se retourna du canapé, se penchant par-dessus le dossier de celui-ci pour pouvoir observer la tignasse bouclée de Saïd. Basculant sa jambe par-dessus le meuble de salon, elle se retrouva en quelques instants à côté de l’ancien serpentard.
« Et je pourrais te retourner la question » lui dit-elle, légèrement plus calme. Elle avait craqué, ça lui avait fait un peu de bien mais elle savait que pleurer ne servirait jamais à rien d’autre qu’à la calmer, ça ne l’aiderait pas à prendre de meilleur décision, ça ne l’aiderait pas à en prendre tout court d’ailleurs. Attrapant la main de l’ancien mangemort, elle l’écarta pour pouvoir se lover dans ses bras avec ou sans son consentement, ça avait pas franchement d’importance.
« On s’en fout pas mal de notre passé, je t’ai choisi toi à l’époque, et j’ai eu quinze ans pour mettre à l’épreuve ce choix et ça n’a rien changé » Elle glissa sa main sous son t-shirt, pour le simple plaisir du contact de sa peau contre la sienne « Si c’est pas toi, c’est personne d’autres… » Elle se redressa légèrement, croisant son regard sans pouvoir s’y détacher.
« Toi et moi, c’est pas seulement que du sexe ou du sang, on fait pas seulement que se marrer ou picoler ensemble, toi et moi ça a toujours été bien plus que ça. Qu’on veuille l’admettre ou pas, on s’est toujours battu beaucoup plus pour nous deux que pour nos camps respectif. Ensemble on a déjoué tant de fois la mort, nargué le destin à mainte reprise. Avec toi je suis invincible... » Elle posa une main sur le visage de Saïd « Tu es le premier bon choix…Et tu as longtemps été l’unique bon choix que j’ai fait dans ma vie »
Elle était loin d’être douée avec les mots, ce qui avait tendance à la stressée plus qu’autre chose, elle pouvait sentir son cœur cogner dans sa poitrine, retrouvant la sensation similaire qu’elle éprouvait lorsqu’elle était au combat. La même peur, la même adrénaline. Ses yeux parcouraient le visage de Saïd se posant une seconde sur ses lèvres qu’elle ne put s’empêcher d’embrasser. Il lui fallut un temps infini avant de pouvoir s’en détacher une nouvelle fois, son souffle court contre sa bouche, elle murmurait le reste de ses pensées :
« On a l’occasion de faire un deuxième bon choix dans notre vie…L’occasion d’être un meilleur père, une meilleure mère » elle marqua une légère pause « Lui ne mérite pas de souffrir des conséquences de nos choix » elle inspira, ses doigts se crispant légèrement contre lui « Si je suis certaine de t’aimer bien plus qu’il ne le faut, je ne suis pas certaine de pouvoir protéger notre fils…Et j’ai besoin de toi Saïd…Si tu es certain qu’ensemble on peut y arriver, dis le moi, prouve le moi parce que c'est pas seulement le retour d'un vieux copain qui fout la merde, c'est la guerre qui revient Saïd...Une vraie tempête de merde...Et si tu as le moindre doute je dois le savoir, on doit en parler et on doit prendre une décision. Je peux pas prendre de décision seule, pas cette fois. »
Lun 21 Mar - 16:40 (Δ)
Non. C’était évident pour elle, même peut-être trop pour être juste. Leur amour était réel, puissant, addictif et destructeur, ça il le savait bien, il le sentait. Elle était tout pour lui et il savait que ce n’était pas si différent pour elle.
Elle lui retourna la question mais avant qu’il ne pense à répondre, elle lui ôtait déjà les mots de la bouche. Elle et personne d'autre. Elle ne savait pas à quel point cela pouvait être vrai pour lui car pour eux l’exclusivité n'avait jamais eu tant d'importance. Il l'écouta parler, buvant ses paroles comme s'il s'agissait du plus délicieux des nectars. Un beuvrage d'assurance, de confiance et d'amour. Il s'en délectait goulument mais quelque chose en lui laissa échapper un petit rire dubitatif et moqueur. Le seul bon choix dans sa vie ? Étaient-ils aveugles à ce point ? L’amour pouvait-il vraiment justifier tout le reste ?
Elle l'embrassa et il l'embrassa, sentant son cœur s'emballer et son corps entier s'embraser. Il pouvait sentir chaque cellule de son organisme bruler de désir et d'amour pour elle et pourtant il ne parvint pas à chasser cette petite voix qui lui hurlait encore de partir. Fébrile, il se raccrocha à ses lèvres un peu plus longtemps comme dans l’espoir de se convaincre autrement, ou était-ce par peur que ce baiser soit le dernier ? Il ne voulait pas, elle ne voulait pas et pourtant il pouvait sentir un distance se creuser lentement entre eux.
Il l’écouta mais ne put s’empêcher d’échapper un petit rire douloureux alors qu’elle tournait son regard vers lui.
- Tu me demandes à moi ? Prendre une décision ?
Il posa une main sur sa joue pour mieux la regarder. Mais ce n’était pas une blague. elle était sérieuse. C’était ça la blague. Un faible sourire anima le visage de l’Irlandais. Il l’aimait tant, elle et son stupide entêtement, cet instinct de survie, de combat, cette force à tout épreuve et cet amour, pour lui. Cette foi, cette confiance qu’il voyait briller dans ses yeux, comme il aurait voulu l’avoir lui aussi. Mais il se connaissait et il n’y avait aucun amour pour le rendre aveugle sur qui il était et serait.
- Zoya… Commença-t-il sans parvenir à cacher la distance dans sa voix. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe ou ce que je dois faire. Toute cette histoire, Evan, la guerre, j'y comprends foutrement rien alors...
Ne compte pas sur moi ? Était-ce vraiment ce qu’il voulait lui dire ? Était-ce vraiment ce qu’il voulait faire ? La laisser tomber ? Non. C’était loin d’être ça et pourtant c’était bien ce à quoi ressemblait les mots qu’'il prononçait. Pourquoi ? Qu’essayait-il de lui dire ? Qu’elle se voilait la face en pensant qu’elle pourrait être heureuse en restant avec lui ? Qu’elle ferait mieux de déguerpir avant qu’il ne la tue ou pire, qu’il finisse par détruire ce à quoi elle tenait le plus ?
- Ce choix dont tu parles je ne peux même pas le faire. Un meilleur père ? Je ne suis pas un père Zoya. Je…
Il pensait pouvoir lui expliquer, lui parler, même en sachant qu’elle ne voudrait pas l’entendre, profiter de ce moment pour lui faire voir sa vérité. Mais à chaque mot sa gorge se serrait un peu plus comme pour l’empêcher d’aller plus loin. Son corps le suppliait de se taire, d’oublier tout ça, de l’embrasser et d’abandonner ses pensées entre les cuisses de Zoya. Il baissa les yeux, mais quelque chose de plus puissant encore que sa lâcheté, son désir égoïste et sa peur de la perdre le poussa à continuer.
- J’ai failli le tuer. Confia-t-il d’un ton étrangement froid. A deux reprises.
Il releva son regard doré vers elle et elle put voir que ce qui brillait dans son regard n’était pas de la culpabilité mais de la honte. La honte de ne pas être l’homme qu’elle espérait, l’homme qu’il dont elle avait besoin, mais pas de culpabilité. Ils savaient tous deux qu’il donnerait tout pour elle mais il était temps de se rendre compte qu’il n’avait rien à donner. Rien de ce dont elle avait besoin pour sauver son fils.
- Alors si tu me le demandes… Non. Ensemble, on ne pourra pas le protéger. Répondit-il en s’attardant assez sur le mot qui faisait toute la différence.
Car il était sûr de deux choses. Elle était capable de tout, il était incapable de cela. Il avait beau être le géniteur de l’enfant, l’amour qu’il lui portait n’était que l’extension de celui qu’il avait pour Zoya, empoisonné, destructeur. Pour elle cela n’aurait jamais changé et il savait qu’elle ne le souhaitait pas non plus. Mais ce qu’elle lui demandait là était d’aimer et protéger un enfant. Un qui ne prenait pas son pied à se faire maltraiter et un qui ne se relèverait pas d’un accès de colère non contrôlé.
- Lise est celle qui l’a sauvé la dernière fois. Confia-t-il en détournant le regard, conscient qu’il ne faisait qu’enfoncer le couteau dans la plaie. Mais il fallait qu’elle comprenne. Il n’avait jamais été une solution. Seulement un problème.
- Je suis désolé.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Lun 21 Mar - 19:02 (Δ)
Elle voulait une réponse et elle l’avait eu. Tel un coup de couteau en plein couleur, la douleur qui la foudroya en cet instant précis lui semblait être le pire des supplices, bien plus difficile à encaisser qu’un Doloris et encore plus horrible que ces choses qui avaient failli la tuer. Elle le fixait, elle semblait presque lui supplier du regard qu’il se mette à rire, à lui balancer que tout ça c’était qu’une blague, qu’il la faisait marcher mais tout ce qu’elle voyait c’était sa honte dans ses yeux, une honte qu’elle partageait. Elle n’avait pas honte de lui mais bien d’elle-même. Elle eut envie de hurler, de l’étrangler, de le haïr, de rire à s’en éteindre la voix, de se moquer d’elle-même et de ces foutus espoir, de se foutre de cet amour infini qu’elle ressentait pour cet homme qui était capable de la briser entièrement en quelques mots. Sa gorge se noua alors qu’elle retenait chaque fibre de son corps de réagir à ce qu’il lui balançait ainsi.
Elle était seule pour cette décision…Seule pour protéger un être qu’elle n’avait déjà pas su protéger à sa naissance. Elle avait tant de fois échoué à le faire et aujourd’hui n’y faisait pas exception.
Lui assenant le coup de grâce en lui avouant que c’était Lise qui l’avait protéger de lui la dernière fois, encore une fois, le rire qu’elle aurait voulu exprimer pour se railler d’elle-même resta en travers de sa gorge. Laissant un gout amer au fond de celle-ci et cette douloureuse boule. Elle contrôla chacune de ses émotions, les enfermant une à une dans des petites boites imaginaire au fond de son cœur et de sa tête. Compartimentant chacun de ses sentiments elle ne souhaitait pas perdre le contrôle d’elle-même, ne souhaitait pas se retrouver par accident à nouveau au côté d’Alastor et encore moins qu’il ressente sa détresse. Son regard se vida lui-même de toute émotion. Elle l’aimait plus que tout au monde, elle l’aimait bien trop pour pouvoir le haïr et pourtant elle le savait qu’elle le haïssait au moins tout autant.
« Bien… »
Laissa-t-elle échapper après un long silence. Ses yeux bleus le fixaient bien qu’elle n’imprimait pas vraiment les traits de son visage. Sa réponse, aussi difficile fut-elle à encaisser, lui permettait de prendre une décision. Elle s’approcha de son visage, posant ses lèvres sur celle de Saïd, le temps d’un long et tendre baiser, même encore maintenant elle tenait à lui faire comprendre qu’elle était encore bien assez malade pour ne pas le laisser. Elle se détacha de lui avec une certaine difficulté, se relevant.
« Je vais revenir...Essaie juste de ne pas te faire tuer »
Si elle était seule à devoir prendre cette décision pour Elliot, elle le serait, qu’elle soit bonne ou non, la vie de son fils lui apparaissait beaucoup trop importante pour jouer soldat avec lui dans l’équation. Peu importait le prix qu’elle devrait payer pour savoir qu’il grandirait loin de toute cette merde. Elle ne voulait pas le voir devenir comme elle et…Encore moins comme lui.
« Je reviens »
Répéta-t-elle avant de disparaître.
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Lun 11 Avr - 14:43 (Δ)
Le silence retomba doucement après le départ de Zoya. Il ne savait pas du tout ou elle était allée et pour quoi faire mais bien franchement il n’avait plus la force de se poser des questions. Qu’est que ce qu’il en avait a foutre après tout ? A ce moment, il ne parvenait plus a se soucier de rien.
Sortant avec des gestes lents un joint tordu et un briquet de la veste de son jean, il l’alluma et inspira une bonne dose de vapeur. Il laissa son cerveau se vider tout comme sa poitrine lourde et ferma un instant les yeux pour écouter le néant.
Et maintenant ?
Il pensait que enfin dire la vérité le soulagerait et bien que cela fut un peu le cas il avait aussi l’impression que tout ses repères s'effaçaient lentement. Depuis son retour, son réveil, il n’avait que fait profiter de la présence de Zoya et était resté a ses cotés. Se nourrissant de son amour, de ses joies, ses envies et de sa colère, tout cela lui avait paru comme une croisière tranquille jusqu'à ce que le courant l'entraîne peu a peu la ou il ne voulait pas être.
Il avait bataillé un temps, nageant a contre courant en tentant de ramener sa barque vers les eaux plus tranquille ou l’alcool et le sang coulait a flot, le sexe, la bagarre et très peu de questions, mais il n’avait pas pu lutter contre la vie et les vérités qu’on lui imposait.
Il avait fini par s’y résigner, accepter même le fait que c’était vers la que Zoya le tirait inéluctablement. Mais cela n’avait jamais été son choix, cela n’avait jamais été sa vie. Seulement celle que Zoya lui avait donné en le ramenant d’entre les morts. Plus les jours passaient et plus cette vie insipide perdait de consistance et de sens.
Ils n’avaient jamais étés faits pour être ensemble et encore moins dans cette vie qu’elle avait du faire seule pendant quinze ans. Il était revenu mais cela ne changeait rien, les années les avaient séparés.
Maintenant qu’il avait lâché la barque, la laissant voguer librement vers le destin qu’elle s’était choisit, Saïd demeura au point mort. Quelle était sa vie sans elle ? Un néant sans couleur et saveur apparemment. Saïd le contempla pendant longtemps si bien qu’il eu l’impression de retourner chez les morts. Rien n’avait de sens, rien n’avait de but, rien. Il n’y avait rien.
Était-il réellement revenu d’entre les morts ? Ou n’était-il qu’une illusion, l'écho d’un homme qu’elle avait aimé auquel ils s'efforçaient tous deux de croire ? Un pantin peint qui ne s’animerait qu’a son retour, bougeant et parlant comme elle attendrait que Saïd Wilkes le fasse ? C’est ce qu’il cru en attendant minute après minute sans bouger de la ou elle l’avait laissé.
Cela aurait été tellement plus simple de faire taire son esprit et de laisser le vide prendre place jusqu'à son retour, mais une lueur dans les yeux dorés de l’Egyptien refusait de s’éteindre.
Ce fut plus tard que la main du sorcier se crispa légèrement sur son mégot déjà éteint. Un léger réflexe non contrôlé qui le fit pourtant réagir. Il eu un petit regard vers un de ses bracelets dorés d’Egypte mais ce n’était pas ce qu’il contemplait. En dessous, un tatouage symbolisant son retour auprès de Zoya en dépit de la guerre qu’il avait été quelque peu triste de devoir couvrir de ses nouvelles armes magiques, mais ce n’était pas cela non plus qui l’avait sortit de sa torpeur. Invisible, une couche plus ancienne de son passé s’était mise a brûler.
Saïd se releva agilement sans se presser. Laissant s’échouer son mégot sur le sol, il l’écrasa et fourra ses mains dans sa poche d’un air nonchalant. Ses sourcils étaient froncés et son regard déterminé mais il resta immobile une petite seconde de plus dans cet appartement vide, comme s’il espérait voir apparaître Zoya qui avorterait sans le savoir ce qu’il s'apprêtait a faire. Mais personne ne vint et il resta seul maître de sa décision. Ça ne pouvait pas être une bonne décision et il le savait et pourtant il disparu dans un flash lumineux.
- AMORTENTIAZoya Horlov
- Gallions : 278
Lun 11 Avr - 16:29 (Δ)
Son regard se posa sur Zahra une dernière fois, elle esquissa un sourire et prit l’initiative de la prendre dans ses bras alors qu’elle tenait entre les mains le bijou qu’elle lui avait offert. Elle reste de longue seconde ainsi, à s’imprégner de cette chaleur, de ce parfum. Son cœur cognait lourdement dans sa poitrine alors qu’elle se rendait doucement compte de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Ravale tes larmes se disait-elle alors qu’elle serrait un peu plus fort la jeune femme entre ses bras. Elle savait que ce ne serait pas une partie de plaisir, elle savait que cela lui ferait mal mais elle ignorait encore à quel point. Finissant par se détacher d’elle, elle l’observa de longue seconde, esquissa l’ombre d’un sourire.
« Merci »
Murmura-t-elle avant de simple s’évaporer. Elle fit le voyage de retour, alors qu’elle pouvait sentir à l’intérieur de son bras une morsure qu’elle connaissait que trop bien, un douloureux rappel de son passé mais aussi de ce qui l’attendait à présent dans l’avenir. Ce n’était pas la première fois que cette douleur s’était réveiller dans son bras, ce n’était pas la première fois qu’elle pouvait voir réapparaitre cette foutu marque mais c’était cette fois, sa présence sonnait comme le glas.
Un crac raisonna dans le loft et son regard se posa sur une pièce vide. Elle ferma une nouvelle fois les yeux, ses poings se serrant si forts que ses ongles s’imprimaient dans sa chaire. Une sensation désagréable au creux de sa poitrine rendait ses battements irréguliers. Des larmes s’échappèrent de ses paupières closes alors qu’elle comprenait la cruelle réalité qui se profilait à l’horizon.
Elle hurla, si fort, si intensément, que le sortilège qui la liait à Alastor avait fait vibrer les sentiments et la douleur de la sorcière vers l’auror au point de briser cette connexion. Ce n’était pas seulement de la souffrance qu’elle pouvait ressentir, c’était différent, bien trop intense pour pouvoir être définit par un mot mais elle ne souhaitait cela à personne, même pas à son pire ennemi. Rapidement, la tristesse inqualifiable qu’elle ressentait se mua en une rage incontrôlable, ses poings s’écrasèrent sur le sol, les murs, elle brisa nombre de meuble, de vaisselle, la télévision, cette console de jeu, tout y passa…Sous l’assaut physique de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle termine ceci à coup de sortilège.
Elle fit du grabuge, beaucoup de grabuge, en quelques minutes l’appartement ressemblait à un véritable champ de bataille fumant au milieu duquel il ne restait que l’ombre d’une jeune femme essoufflée. Elle savait, les voisins avaient été alerté et par conséquent, lorsque son regard se posa sur les lumières bleus et rouges qui dansaient devant sa fenêtre, elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire franc. Zoya se retourna, faisant face à la porte d’entrée de son appartement, ils frappèrent, hurlèrent un "police !", allant jusqu’à la prévenir qu’ils allaient entrée. Sous les yeux des forces de l’ordre anglaise se trouvait l’ancienne auror, baguette à la main. Le regard du plus jeune parcourait la pièce en commentant ses pensées, incapable de comprendre ce qui venait de se passer ici.
« Vous allez bien ? »
Sa tête s’inclina, sa main se releva et les deux policiers paniquèrent soudainement devant ce geste. Ils n’eurent pourtant pas le loisir de faire quoi que ce soit de plus qu’ils chutèrent sur le sol, immobile, seulement assez conscient pour voir la sorcière disparaitre dans un nouveau craquement, laissant derrière elle un lieu qui ne fut jamais son "chez nous".